vendredi 25 décembre 2015

La présidente de François Durpaire et Farid Boudjellal




Paru avant les élections régionales qui a vu s'ancrer de façon encore plus sensible le vote FN dans l'électorat français, " La présidente" est sans doute le roman graphique qui a su faire le plus parler de lui ces dernières semaines. Le sujet est accrocheur et l'envie de s'y plonger grande, surtout si l'on a envie de se faire peur ( et depuis quelques temps, on a l'impression que l'on aime bien jouer à ce drôle de jeu ). Ecrit par un prof  spécialiste des différences culturelles ( François Durpaire) et d'un dessinateur BD dont le nom pourrait donner des idées aux membres du partie bleu marine ( Farid Boudjellal), " La présidente " est une politique fiction qui imagine l'arrivée de Le Pen fille au pouvoir.
La première partie nous glace littéralement les sangs tellement tout semble vrai, plausible. De l'enchaînement des faits jusqu'aux déclarations des politiques le soir de l'élection, le récit nous plonge dans cette possibilité cauchemardesque. On s'y croirait... Le futur noir est là, sous nos yeux et j'ai presque eu l'impression de le vivre réellement. Puis le pouvoir fascisant se met en place. On sourit ( jaune) de voir Gérard Longuet premier ministre ou Nadine Morano ministre d'un gouvernement aux allures disparates mais surtout effrayant de personnalités vides ou aux idées courtes. Le roman avance tel un rouleau compresseur. Intérieurement, le lecteur entre en résistance, comme la petite bande de personnages représentant la société civile qui essaie de lutter de tous les moyens. Les premières mesures mises en place comme la politique contre l'immigration et la préférence nationale nous sidèrent car rien de ce qui est décrit n'est impossible.
Puis, le roman devient plus économique, plus explicatif lorsqu'il aborde l'abandon de l'euro pour le franc. Infiniment moins romanesque, malgré une mise en page essayant d'alléger l'aspect pédagogique, " La présidente" peine à conserver intact l'intérêt du début, même si l'une des mesures phares du parti d'extrême droite mérite un vrai décryptage. Le récit passionne un peu moins. La bande de résistants au régime du début n'arrive pas non plus à nous captiver totalement. Malgré quelques moments forts en émotion ( l'expulsion de Fati ), face au bulldozer Marine et à son programme d'effondrement de la France, ils ne font pas trop le poids.
Comme l'indique le petit sticker collé sur la couverture, " Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas..." , cette politique fiction glaçante est bienvenue. Malgré une dernière partie un peu moins accrocheuse ,  cela reste une bande dessinée de salubrité publique. Le problème habituel reste le même... Elle n'arrivera à toucher que les convaincus mais sans doute pas cette frange de la population, désorientée, laissée au bord de la route par tout notre système mais de plus en plus habituée, grâce à certain médias, à tomber dans les propos les plus simplistes et faciles...
En creux, " la présidente" nous dit qu'il est plus que temps de retrousser les manches pour éviter cette peste brune qui est à nos portes. C'est un joli message. Saurons-nous l'entendre? L'album dit que non .... Prouvons-lui qu'il a tort !




4 commentaires:

  1. J'ai trouvé cette BD au pied du sapin, je suis d'accord avec ton analyse sauf que moi, je suis restée glacée d'un bout à l'autre tant tout est si banalement crédible. Pas de parti pris, juste la réalité. J'ai trouvé ça très fort !
    En 4 jours, la BD a circulé dans la famille, beaucoup de discussions, même si effectivement, chez nous personne n'est à convaincre. Elle fait parler et c'est déjà ça. La preuve ici...

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  2. Mon choix BD est plus allé vers "communardes"!!
    En ce début d'année, pas envie d'imaginer le pire, mais aspirer au mieux... en relevant les manches!(on est d'accord) am

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