lundi 21 décembre 2015

Le coeur du problème de Christian Oster



Qu'aurai-je fait si comme Simon, le narrateur du "Coeur du problème", j'avais découvert en rentrant chez moi, le corps d'un homme inconnu, mort au milieu de mon salon ? J'aurai eu peur sans doute, me serait affolé, peut être aurai-je directement appelé la police... mais il est évident que j'aurai aussi parcouru les pièces de la maison pour vérifier s'il n'y avait pas un autre cadavre, voire un membre de ma famille en danger. Et si comme le Simon du roman, j'avais découvert mon épouse dans son bain, vivante mais mutique... je me serai surement inquiété, peut être même énervé pour la faire parler et demander des explications. Et si elle m'avait dit en sortant du bain, qu'elle faisait sa valise et se barrait sans autre explication, j'aurai été perplexe et sans doute furax de me retrouver avec un mort sur les bras... sans doute un amant,... enfin ex...
Simon, lui, accuse le coup, puis se débarrasse du corps en le fourrant dans le coffre de sa voiture, pour finir par l'enterrer dans son potager, sous un grand carré de tomates qu'il prend soin de replanter par-dessus... Et la vie suit son cours... Enfin pas tout à fait, car ce genre d'incident laisse des traces, s'insinue dans le cerveau. Entre questionnements sur la suite à donner à ces faits, sur son couple défait, sur le temps qui passe, sur la vieillesse qui approche et l'apparition un peu inquiétante d'un gendarme à la retraite qui va s'immiscer dans la vie de Simon, sa nouvelle vie de célibataire n'est pas vraiment un long fleuve tranquille.
Je l'avoue le nouveau roman de Christian m'a happé dès le début car en plus de cette intrigue paradoxale, il y a une écriture qui folâtre dans les méandres du cerveau du narrateur, mêlant angoisse et humour. On marche avec lui, on creuse une fosse avec lui, on se demande si on va prendre un café dans la chambre ou dans la cuisine, on réfléchit avec lui. L'intrigue est aussi angoissante qu'au bon vieux temps de Patricia Highsmith, prenant à la romancière cette façon si british de supporter avec flegme certains événements sordides jusqu'à les rendre bien tordus. Mais là où Oster met son empreinte, c'est par cette façon très particulière de raconter le quotidien avec un certain détachement, véritable miroir de nos errances et nos doutes intérieurs. En maniant le banal, le factuel et le dérisoire avec une bonne dose de dérision, le récit en devient presque cocasse, drôle assurément et diaboliquement efficace pour peu que l'on se laisse aller à divaguer avec lui.
Car, il faut le dire, le roman ne prend pas les chemins que l'on pense, oscillant entre polar et petite intrigue amoureuse, empruntant parfois des directions particulières, pour peut être finir par de perdre un petit peu sur la fin ...qui m'a laissé un peu sur ma faim. Toutefois, le plaisir de lecture fut réel, le ton décalé de Christian Oster a su m'accrocher et m'a fait fait passer une très belle journée !

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