"Parlez-moi de vous" est un premier film que l'on a envie de défendre car j'ai bien peur qu'il ne soit retiré bien vite de l'affiche si j'en juge par le nombre de personnes qui étaient dans la salle ce soir : j'étais tout seul! Oui, j'ai eu droit à une projection privée. Cela peut paraître sympa à certains. Moi, j'aurai préféré avoir des voisins de fauteuil car ce film mérite quand même le détour.
Claire, une quarantenaire animatrice de radio style Macha Béranger, créant derrière le micro une relation intense avec ses auditeurs mais vivant seule et recluse le reste du temps, obtient les coordonnées de sa mère qui l'a abandonnée à sa naissance. Elle va, petit à petit, s'incruster dans la vie simple de sa génitrice, afin d'établir une relation qu'elle a longtemps fantasmé.
Sur ce scénario classique, Pierre Pinaud le réalisateur, colle une mise en scène que certains pourront trouver trop sage, trop qualité française. Le récit défile sagement, jouant finement sur les rencontres des deux femmes et n'évitant pas toutefois quelques clichés du choc de deux mondes socialement opposés. C'est bien filmé, bien joué mais un brin trop sage.
Ce qui fait la force de ce film, c'est, avant tout, sa comédienne principale, Karin Viard qui déploie ici toute la palette de son talent. Elle est tour à tour sensible, drôle, inquiétante, névrosée car bourrée de TOCS, bref en tout point formidable.
L'autre atout de "Parlez-moi de vous", non négligeable, c'est sa dernière partie, offrant aux spectateurs, en plus d'une fin ouverte plausible, deux scènes magistrales de Karin Viard. Quand beaucoup de productions françaises se contentent d'une bonne idée de départ pour finir poussivement et sans inspiration, d'autres ont à coeur de mener à bon port les spectateurs qui ont bien voulu embarquer. Ici, c'est le cas et je ne suis pas prêt d'oublier la scène de l'hôpital, où, Karin Viard, blonde glaciale à la Hitchcock, tombe le masque, ni celle, bluffante, de la dernière confession radiophonique.
Vous l'aurez peut être compris, ce film n'est pas forcément le chef d'oeuvre de l'année mais est néanmoins le film d'un très honnête artisan qui mérite que l'on y prête attention, surtout pour sa comédienne principale qui fait ici une magnifique composition.
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