S'il y a bien un film que je devais commenter dans mon blog c'est bien celui-ci : un véritable tour d'horizon de la connivence entre journalistes, politiques et milieux financiers!
Même si ces liens très étroits qu'entretient le gratin du monde journalistique avec les hommes de pouvoir sont connus depuis longtemps, l'intérêt de ce film est de nous faire une bonne piqure de rappel.
Il est assez jubilatoire d'entendre s'esclaffer la fine fleur des présentateurs télés des années 90 devant l'image d'un Alain Peyrefitte s'invitant au journal télévisé pour expliquer son contenu, jurant que ce temps là est largement révolu. Puis, sarcastique, le film nous prouve, documents à l'appui, que le pouvoir actuel n'a pas besoin de s'inviter puisque tout ce joli monde de l'info se presse à des dîners réunissant nos décideurs, lieux où se nouent amitiés et donc discours au service des puissant et des groupes financiers et industriels qui par ailleurs leur allouent de coquettes sommes pour des "ménages" internes.
Par contre, dans sa dernière partie, "Les nouveaux chiens de garde" aborde un sujet plus original, celui de l'omniprésence médiatique de pseudo experts dont la ronde infernale sur tous les supports de l'information occulte tout véritable débat. Véritables prédicateurs des vertus des marchés financiers, ils se bousculent sur les plateaux télés ou derrière les micros des radios. Présentés comme de brillants universitaires, occultant le fait qu'ils sont très souvent membres, conseillers ou actionnaires de grands groupes industriels, ils propagent la bonne parole du système libéral. Le montage malicieux du film montre tout d'abord que l'effet de répétition ressemble tout bonnement à un lavage de cerveau mais que ces experts ne sont que des marionnettes dangereuses, inféodées au capital et qui de plus, se sont ridiculisées juste avant la crise financière, en ne la voyant pas du tout arriver. Voir l'abominable Alain Minc expliquer en juin 2008 que le génie de notre système financier était, quelque soit les soubresauts qui le secouait, de s'autoréguler et d'éviter le krach est, certes risible mais glaçant, car c'est toujours lui à qui l'on fera appel pour nous expliquer le contraire trois mois plus tard. A ce stade, le spectateur commence à sentir monter la moutarde au nez et le film, pour mieux nous achever, enfonce le clou avec une fine démonstration sur l'aveuglement de tout ce petit monde, complètement coupé des réalités du monde et dont le but ultime est de museler la parole de ceux qui les font vivre, c'est à dire le peuple (les dominés).
On ressort du film en se demandant ce que l'on va bien pouvoir lire ou écouter sans être pris pour un mouton à décérébrer. Bien sûr, il existe des poches de résistances comme ce documentaire, mais le système de distribution est tel qu'il n'atteindra que des convaincus.
Le film se termine sur une citation de Paul Nizan, auteur en 1932 de "Les chiens de garde" et qui disait à l'époque : "N'osant s'avouer ni avouer les fins qu'elle poursuit, la bourgeoisie, hantée par les craintes qu'elle éprouve et par les derniers scrupules d'un libéralisme éteint, arrange le désordre et les menaces qui la troublent, en cachant derrière les promesses qu'elle fait les activités qu'elle déploie." Phrase ô combien d'actualité...
Bonjour Pierre D, voilà un documentaire génial, drôle (on rit jaune), bien fait qui devrait être diffusé à la télé à une heure de grande écoute (je fais des rêves pieux). Bonne après-midi.
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