samedi 17 mars 2012

Cloclo de Florent-Emilio Siri


Samedi 17 mars, séance de 13h45, je suis assis dans la salle qui projette "Cloclo"; le biopic de Florent-Emilio Siri. Autour de moi, une cinquantaine de personnes : des couples soixantenaires, des femmes seules du même âge et, par grappes, des ados la bouche bourrée de pop-corn. 
Le film démarre par la jeunesse en Egypte de la future idole. Rapide, filmée comme une pub de voyage, cette partie n'est guère convaincante et Jérémie Rénier est un peu âgé pour passer pour un ado de 17 ans. La seule chose qui gêne le couple assis derrière moi sont les sous-titrages (la maman parle en italien ou en arabe) pourtant pas nombreux mais "si en plus il faut lire!...." Les ados continue de mâcher et de rigoler. 
Le film démarre vraiment à l'arrivée à Monaco où Claude F va se faire embaucher dans un orchestre au grand dam du papa qui le jette de la maison. La caution psy posée, le film fonce à Paris où finalement la carrière va décoller avec l'enregistrement de "Belles, belles, belles". Les soixantenaires retrouvent leur jeunesse en tapant du pied contre mon fauteuil, les ados, eux changent de place, pas pour mieux voir, mais par stratégie d'approche buccale.
La suite est comme la vie de la vedette : trépidante. Succès, amours, achat de maison, argent, belles bagnoles, tubes, fans en délire. Tout va très vite, Claude François apparaît de plus en plus insupportable, maniaque, jaloux, impitoyable. Le couple soixantenaire reste coi de stupeur, l'image de la star étant sérieusement écornée. Les ados eux continuent le jeu des sièges musicaux : on ne bouge pas quand ça chante, mais dès que ça bavarde, hop, on se lève.
Cloclo se transforme maintenant en chef d'entreprise. Il contrôle son image au maximum et devient carrément imbuvable. Il abandonne femme et enfants dans son moulin pendant qu'il saute toute blonde appétissante passant à sa portée (et elles sont nombreuses puisqu'il les photographie pour son magazine de charme "Absolu"). Mais la banqueroute le guette ainsi que l'âge. Il doit recentrer sa carrière sur l'international et le disco. Après l'enregistrement de "Magnolias for ever" et de son passage au Royal Albert Hall de Londres, Cloclo se fout à poil pour une petit douche, un après midi de mars 1978. Dés que l'applique électrique apparaît à l'écran, la dame soixantenaire commence à sangloter et les ados crient " On voit rien" (ce n'est pas de l'humour, c'est juste que le plan est trop pudique). 
Le film toucha à sa fin, la dame en est à son dixième mouchoir, son mari la console comme il peut. Le générique est à peine sur l'écran que les ados foncent vers la sortie en criant :"Y'a même pas eu Alexandrie, Alexandra"! En fait, si, mais il fallait un tout peu de patience. La salle se rallume. Les dames seules sont tétanisées. La mine triste, elles semblent avoir perdu pour la deuxième fois leur idole. Le mari de la dame soixantenaire a bien du mal à faire enfiler le manteau de sa moitié tellement celle-ci est nouée d'émotion.
Et moi dans tout ça ? Ayant occupé les ondes des radios de mon enfance et de mon adolescence, Claude François ne m'a jamais vraiment fait rêver. Le film, malgré ses 2h20, passe très vite mais n'est pas pour autant un chef d'oeuvre. Je pense qu'il fonctionnera bien auprès d'un public francophone, habitué à l'oeuvre lyrique de Cloclo, comme une madeleine de Proust, petit plaisir sans prétention.
Toutefois, il faut saluer la performance hallucinante de Jérémie Rénier tellement convaincant qu'on a l'impression de voir le vrai Claude François. Il brille d'autant plus que le reste de la distribution est assez terne, notamment toutes les femmes et fiancées de l'artiste ou grotesque comme Benoit Magimel en Paul Lederman, l'imprésario, tout droit sorti d'une série Z sur la mafia.
Au final, un film bien ficelé qui vaut surtout par le portrait piquant développé par un scénario assez caustique et par la présence électrique de Jérémie Rénier, décidément en très grande forme.







5 commentaires:

  1. Comme tu le dis si bien : c'est la madeleine de Proust. Je me demande malgré tout si je vais le voir :-)

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  2. Bonsoir Pierre!...eh bien, je me retrouve dans tes commentaires. C'est une vraie prouesse en effet de la part de Jérémie Renier. Les sosies de tous poils font piteuse figure. Et j'ai vraiment retraversé mon enfance et le début de mon adolescence à travers ses chansons. 2h20 de plaisir tout simplement.
    Tu as donc eu droit à quelques ados aficionados....le soir de notre séance, l'ouvreur a failli s'étrangler de rire en constatant que, oh!!!! surprise! quelques "jeunes" gonflaient la file d'attente... mais bon, c'est vrai, plutôt des quadras, quinquas, et plus....qui ont su se tenir: pas de larmes!
    Une bonne soirée en tout cas.
    A bientôt, bravo pour ton blog, je ne vais pas souvent au cinéma, mais j'aime beaucoup te lire!
    Ton amie Elisabeth (et Claude)

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    1. Content que vous ayez passé une bonne soirée, c'était, je pense le but du réalisateur.
      A très bientôt

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  3. Je n'ai pas vu le film mais votre analyse correspond bien à l'idée que je m'en suis faite grâce aux bandes annonces...
    et 10€ d'économisés...10 ! Merci !

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  4. Ce n'est pas à ce point là. 2h20 de film, on en a pour son argent mais ce n'est pas un sommet du cinéma... juste un film du samedi soir pour se détendre et peut être finir la soirée dans un karaoké pour chanter "Alexandrie, Alexandra".

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