jeudi 15 mars 2012

Le paradis des bêtes d'Estelle Larrivaz

Je suis un peu embêté pour parler de ce film au sujet fort et au traitement assez pertinent. La critique en général a plutôt aimé, saluant le côté original de la mise en scène. L'impression qu'il me reste après la projection est un peu mitigée.
L'histoire se déroule dans les Alpes. Dominique et Cathy sont mariés, ont deux enfants. Ils vivent bourgeoisement dans une belle villa au bord du lac d'Annecy. Dominique dirige avec sa soeur Stéphane une chaîne d'animaleries "Le paradis des bêtes". Derrière cette apparente tranquillité, le couple va mal. Cathy, victime de violences conjugales répétées, décide de partir avec ses enfants. Le film va ensuite nous narrer la lutte entre les deux époux pour récupérer les enfants.
Bien sûr, avec un sujet pareil, on est à cent lieues d'une comédie relaxante, l'humour n'y a aucune place. Le mari, interprété avec beaucoup de force par Stéfano Cassetti, est inquiétant à souhait avec son regard bleu acier des plus glacial. Il suinte de violence contenue et diffuse constamment un danger imminent. Face à lui, Géraldine Pailhas, sa femme, est comme d'habitude parfaite, résignée puis rebelle, les traits tirés et l'angoisse au fond des yeux. Muriel Robin jouant la soeur du mari, amoureuse refoulée (incestueuse?), est tout aussi flippante. La réalisation alterne les scènes avec les enfants, moments plus doux, un peu plus poétiques permettant au spectateur de respirer et celles avec les parents plus dures, plus âpres.
Même si l'action avance assez lentement, le scénario délivre avec subtilité tout un tas d'éléments sur les personnages aidé en cela par une image aux cadrages signifiants et bien étudiés.
C'est intéressant, stimulant pour le spectateur exigeant que je pense être, mais malgré tout je me suis un tout petit peu ennuyé. Je pense en avoir trouvé la raison : c'est la faute des enfants. D'habitude, au cinéma, les casteurs nous trouvent des petits monstres adorables qui crèvent l'écran. Ici, ils m'ont semblé pas vraiment impliqués, pas très justes, comme si on les avait préservés de cette sordide histoire. Essentiels à l'histoire, leur présence en demi-teinte n'est pas vraiment en cohésion avec la force que dégage la partie adultes. La réalisatrice a beau utiliser des cadrages pertinents ou sophistiqués, elle n'arrive pas à masquer leur manque de charisme.
Malgré tout, le film est une vraie bonne surprise, alliant sujet fort pas souvent traité au cinéma me semble-t-il et vrai regard de cinéaste. Deux atouts qui devraient inciter les spectateurs à aller découvrir ce "Paradis des bêtes" plutot plus proche de l'enfer.

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