samedi 10 mars 2012

Second tour ou les bons sentiments de Isabelle Monnin


Que sont devenus tous ces jeunes euphoriques qui ont fêté le 10 mai 1981 la victoire de François Mitterrand, de l'espoir plein la tête ? Isabelle Monnin, journaliste au Nouvel Obs, nous en donne des nouvelles dans son deuxième roman.
  Afin d'éviter tout malentendu, je préfère signaler que, moi même, à l'époque, j'ai fêté cet événement le coeur gonflé d'espérance. A la seule différence des héros du livre, j'étais au Mans et je ne faisais pas partie de ce que très vite on allait appeler la gauche caviar (ou la gauche Kenzo pour les fashions victimes).
Dans "Second tour", nous sommes en mai 2012, le samedi précédent le deuxième tour de l'élection présidentielle qui voit s'affronter un président sortant de droite et un candidat socialiste.
Là, je sens que vous êtes intéressés, de la politique fiction mâtinée de divination par quelqu'un du sérail, miam miam !
Les cinquante ans de J.P. sont l'occasion pour lui de réunir tous ses amis et notamment ceux qui ont fait partie de ses années étudiantes, années de folies mais aussi de militantisme pour une union de la gauche dont l'arrivée au pouvoir fut un des moments intenses de leur existence. Ils sont venus, ils sont presque tous là (sauf le copain maudit qui a retourné sa veste pour un poste de ministre dans le gouvernement de droite et le mari de l'héroïne, au travail à Chicago).
Ah, vous sentez peut être que ça commence à sentir le caviar... vous n'avez pas tort !
L'auteur va s'intéresser tout à tour à Jeanne, femme de Pascal, l'avocat toujours entre Paris et les States et à Pierre, l'ancien photographe baroudeur, séduisant, un peu mystérieux  et surtout vieux loup solitaire.
Qui a dit que le personnage masculin est un ramassis de clichés digne d'Harlequin ? Je dis non tout de suite, dans un roman Harlequin, le héros, au départ est certes beau mais aussi très antipathique. Ici, il est d'emblée sympathique donc vous n'êtes qu'une méchante langue! 
Jeanne et Pierre, lors de cette nuit de mai 1981 ont échangé un baiser dont ils n'ont jamais oublié le goût . Pendant trente ans, chacun de leur côté, ils ont conservé dans un coin de leur coeur, le regret de cet amour inachevé, transformé au fil du temps en un amour secret qui les aura aidé à avancer.
Oooh, c'est beau comme du Marc Levy, la sauce ésotérique en moins.
Présents tous les deux à cette soirée, ils vont commencer par s'éviter. L'auteur en profite pour nous les raconter un peu plus profondément . Jeanne a renoncé à sa carrière d'avocate pour élever ses cinq enfants sous la houlette d'un mari de gauche, plein de principes. Pierre, lui, ne s'est jamais marié. Il a du abandonner son métier de photographe suite à un accident et consacre sa vie à légender des photos et à s'occuper de son jumeau enfermé dans un hôpital psy.
C'est totalement anecdotique, mais pour bien ancrer le milieu social, les cinq enfants se nomment Kevin, Dylan, Steven, Kimberley et Jennyfer...
 Non ! Je plaisante, rassurez-vous. C'est Jacob, Leah, Alfred, Solal et Hannah.
 Ouf, vous voilà rassuré, ils ne seront pas stigmatisés à l'Ecole Alsacienne.
Puis, inévitablement, ils vont se retrouver, face à face. 
Leurs sentiments refoulés referont-ils surface? Jeanne osera-t-elle, sur un coup de folie, quitter enfants, mari et bel appartement bourgeois ? La ferme des Cévennes de Pierre verra-t-elle l'arrivée d'une parisienne presque cinquantenaire? L'ami maudit de droite viendra-t-il finalement à la soirée? Pourquoi, à chaque fois qu'apparaît dans le texte le mot #bras, y-a-t-il le signe # devant ?
Vous connaitrez la réponse à toutes ces questions en lisant "Second tour ou les bons sentiments" d'Isabelle Monnin, édité par Lattès, 18€, dans toutes les bonnes librairies...
.... Ou pas. Parce que ce n'est pas vraiment indispensable. Si le personnage de Jeanne est assez bien vu et bien cerné, Isabelle Monnin a plus de mal à faire exister son personnage masculin. Je n'ai pas beaucoup cru au baroudeur romantique, éperdu d'amour à cause d'un baiser échangé sur le bord de la Seine, trop taillé pour lectrice de Nous Deux.
Le côté politique, avec le récit des luttes diverses de ces trois dernières décennies, est agréable à lire mais pas original.
Pour conclure, je dirai que ce roman, au style délié, se lit sans difficulté mais, pour moi,sans grand intérêt non plus, à moins d'être un vrai bobo parisien ou une femme (un homme aussi) qui refuse de lire un roman Harlequin dans le métro.








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