dimanche 2 septembre 2012

N'embrassez pas qui vous voulez de Marzena Sowa et Sandrine Revel


Poursuivant sa thématique autour de la vie dans l'ex bloc de l'Est, Marzena Sowa se défait (provisoirement ?) de Marzi consacrée à son enfance en Pologne pour nous présenter ce qui semble être sa première oeuvre de fiction. Si elle a abandonné Sylvain Savoia (provisoirement ? ) et s'est associée à la dessinatrice Sandrine Revel, elle a par contre choisi de conserver une structure de récit à hauteur d'un regard d'enfant.
Ici, aucune nostalgie ne transparaît dans le terrible récit qu'elle nous propose. Lors d'une séance de cinéma invitant toute une école à s'extasier sur un film à la gloire de Staline, Viktor, petit garçon de 9/10 ans, tente d'embrasser sa copine Agata. Cette dernière ayant crié de surprise, la projection est interrompue et le petit garçon conduit illico presto dans le bureau du directeur de son école pour un interrogatoire presque musclé et une insidieuse leçon de morale. De son côté, l'institutrice de Viktor mène une enquête serrée auprès de ses  camarades ce qui l'amènera à soupçonner des activités paternelles peu conformes à la ligne du parti.
Le récit avance, implacable, suintant la peur, le soupçon, la méfiance, l'angoisse d'être écouté, dénoncé, visité par la milice. Sa force réside dans la direction qu'il prend, s'intéressant tour à tour à la vie de tous les protagonistes de cette histoire, même les plus inquiétants, révélant ainsi, qu'au delà des apparences, se cachent des destins individuels beaucoup moins convenus.
Les illustrations, très sombres, enferment un peu plus les personnages dans cette vie sans horizon. Et si j'ai un peu moins apprécié ce passage un peu trop démonstratif d'enfants jouant une histoire inventée devant le papa écrivain, l'album se referme sur une scène très tendre qui éclaire enfin cette histoire d'une note d'espoir vraiment bienvenue.
Inquiétante et glaciale, "N'embrassez pas qui vous voulez" a le pouvoir d'attendrir autant de lecteurs que Marzi (véritable chef d'oeuvre de Marzena Sowa) et  rappeler, si nécessaire, l'horreur ordinaire des régimes totalitaires.





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