"Les atrocités ne sont parfois que la vengeance des hommes tourmentés" Louis de Bernières. C'est la phrase en épigraphe de ce nouvel album de Jean Claude Denis. Je vais mettre un peu de côté le mot "atrocités", pour me concentrer sur "hommes tourmentés" qui correspond particulièrement bien au personnage principal de cette histoire.
Serge Guérin vit seul à Paris avec son chat. Il est électro-sensible. Les champs électro-magnétiques lui occasionnent acouphènes et migraines terribles. Double malchance, sa maladie a été utilisée par un escroc qui l'a délesté de toutes ses économies. Un soir de panne d'électricité générale, soirée de rêve pour lui, il est dans l'impossibilité de de réintégrer sa chambre de bonne, son immeuble étant pourvu d'un digicode électrique. Obligé de passer la nuit à l'hôtel, il rencontre Claire, une jeune femme avec qui il va sympathiser mais surtout passer un drôle de marché : chacun éliminera la personne qui a détruit la vie de l'autre, un jour précis, de façon à pouvoir se créer un solide alibi.
Ca ressemble à du Hitchcock mais sans la linéarité de la narration. Comme l'album débute par la mort de Serge Guérin dans une forêt, l'intrigue progresse avec un mélange de présent et de flash-backs qui donne à cet album une tonalité un peu plus psychologique que policière. Parfaitement menée, l'histoire embarque sans faillir le lecteur jusqu'au dénouement. Tout est finement mené, avec, en arrière plan une évocation assez rude de l'état de notre société actuelle.
A partir du sujet très contemporain des zones blanches, ces endroits du territoire où ne passent ni lignes à haute tension ni réseau téléphonique, Jean Claude Denis m'a très agréablement surpris avec cet album noir et parfaitement abouti (jusqu'aux dernières cases), vraiment digne du grand prix que le festival d'Angoulême lui a décerné en 2012.
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