samedi 1 septembre 2012

Dark horse de Todd Solondz


Todd Solondz a rangé les provocations de ses précédents films pour filmer une histoire aux apparences de sitcom sous tranquillisants. Sa vision de la société américaine middle-class est toujours là, mais avec un traitement moins acerbe et un peu plus réaliste.
Rassurons les fans du réalisateur (oui, ça existe !), nous sommes toujours dans les marges comme le montre la scène d'ouverture où une caméra glisse lentement sur les invités d'un mariage, dansant avec ardeur et de façon très professionnelle, jusqu'à s'arrêter, au fond de la salle, devant une table où un couple maussade s'essaie laborieusement à la conversation. C'est Abe, trentenaire , célibataire, enrobé qui drague lourdement Miranda, jeune femme très dépressive. Il réussira à la revoir et, profitant de son état semi-comateux, lui arrachera une promesse de mariage, au grand étonnement de ses parents, couple quasi lyophilisé par une vie où les apparences comptent par dessus tout.
Toute la première partie du film est très réussie. Le personnage principal, un peu limité, suffisant, terriblement enfantin, défit l'identification du spectateur. Cet inconfort fait mieux ressortir les thèmes abordés par Solondz : l'immaturité d'une société gavée de jeux et de consommation forcenée, le poids d'une parentèle aux secrets enfouis sous le divan d'un psy (mère encore une fois incestueuse ?).
Puis, dans le deuxième partie, le film bascule vers le noir et une descente inexorable du héros. En ajoutant des scènes de rêves pas tout à fait convaincantes et surtout sans réel balisage, le spectateur se perd pied et décroche un peu.
Film assez dépressif dans le rythme comme dans le propos, "Dark horse" reste pour moi le portrait à moitié réussi d'une Amérique confite de consommation et de renoncements.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire