A la lecture de la presse branchée, s'il y a un film génial à voir cette semaine, c'est bien sûr "Cherchez Hortense". Pascal Bonitzer, le réalisateur mais aussi scénariste avec Agnès de Sacy, a le "ticket" depuis bien longtemps avec les Inrocks, Le Monde, Télérama et toute la bande. Ancien critique des "Cahiers du cinéma", puis scénariste pour réalisateurs ayant eux mêmes LE ticket et enfin auteur de six films dont certains de sinistre mémoire de spectateurs ( qui n'a pas bâillé aux "Petites coupures", pensum encensé lors de sa sortie par la critique et justement boudé par le public ? ).
Partout fleurissent les adjectifs et les louanges : "Meilleur film de Bonitzer" (entre nous, ce n'est pas difficile de faire mieux que les précédents...), "plus riche et plus rond", "parsemé de scènes inoubliables" (il ne faut pas exagérer, ce n'est pas parce que certains moments arrivent à être drôles que c'est forcément génial !) . Et tout le monde de gloser sur la richesse du propos, le problème des sans-papiers ââââdmirablement âââbordé, le thème de l'aveuglement si magnifiquement illustré, les variations sur le pouvoir, les références littéraires (Rimbaud pour le titre, après un cheminement tordu trop long à expliquer ici, mais plus bas ) mais aussi psychanalytiques. N'en jetez plus la cour est pleine et à trop vouloir appâter le public, il risque d'être fort déçu à la vision de l'oeuvre. Car que voit-on à l'écran ? Une comédie un peu poussive, au scénario mal ficelé, éclairé et filmé comme un téléfilm deTF1 France 2 (plus chic) .
L'intrigue, simple, mais cousue à gros points avec de très grosses ficelles, indignes d'un film d'auteur, se situe dans la bourgeoisie bobo parisienne. Damien (Jean Pierre Bacri), prof de civilisation chinoise, cinquantenaire en route vers la dépression, doit contacter son père qui siège au conseil d'état, pour qu'il intercède dans le dossier de reconduite à la frontière d'une amie de sa belle-soeur. Toujours terrorisé par son géniteur malgré son âge déjà avancé, Damien n'arrive pas à formuler sa demande lors d'un rendez-vous obtenu de haute lutte. S'ensuivra un quiproquo et des rebondissements totalement prévisibles.
Ce qui est étrange dans ce film, c'est qu'il supporte parfaitement la vision en extraits. Chaque scène prise isolément est agréable voire réussie. Celle où Damien fait face à son père et parle de sa sexualité, la rencontre avec Hortense, le face à face avec le serveur chinois avec qui Damien vient de passer la nuit, sont formidables mais hélas, amenées très lourdement, à cause d'un scénario, qui à force de vouloir créer du sens, oublie de tresser une trame narratrice convaincante. Au bout d'un moment, ces facilités sont agaçantes voire risibles. On a du mal à croire que Damien face à un père qu'il redoute, lui parle d'emblée de sa sexualité et lui demande s'il a déjà coucher avec un homme. Et que dire du personnage incarné par Isabelle Carré que Damien rencontre où qu'il aille, comme si Paris était un village de 150 habitants ? Tout le film est un peu comme ça, avançant à coup de facilités scénaristiques qui gâchent le plaisir de voir une pléiade de très bons comédiens jouant, par contre, leur partition habituelle. Bacri est un peu bougon et dépassé, Kristin Scott Thomas est toujours aussi belle et plisse le menton avec conviction lorsqu'elle pleurniche, Isabelle Carré est craquante et pleine d'empathie et Agathe Bonitzer (oui, la fille de ...) est toujours un peu raide.
"Cherchez Hortense" est beaucoup plus plaisant que les trois films précédents de Pascal Bonitzer, mais reste une comédie pas vraiment réussie, pas rasoir mais pas emballante pour deux sous, la faute à une scénario qui multiplie les références et les raccourcis faciles. Dommage, car il y a là dedans quelques moments assez réjouissants... pas assez pour recommander à mon entourage de dépenser 8 euros au cinéma.
PS : Le titre fait allusion à un poème de Rimbaud intitulé "H" dans les Illuminations qui se termine par "trouvez Hortense". On a supposé qu'il s'agissait d'une allusion sexuelle mais plus récemment, on pense que l'explication viendrait de l'expression "Je vais voir Hortense", populaire dans les Ardennes (forcément connue du poète) et qui veut dire "Je vais aux cabinets". Merci aux Inrocks pour le renseignement.
Partout fleurissent les adjectifs et les louanges : "Meilleur film de Bonitzer" (entre nous, ce n'est pas difficile de faire mieux que les précédents...), "plus riche et plus rond", "parsemé de scènes inoubliables" (il ne faut pas exagérer, ce n'est pas parce que certains moments arrivent à être drôles que c'est forcément génial !) . Et tout le monde de gloser sur la richesse du propos, le problème des sans-papiers ââââdmirablement âââbordé, le thème de l'aveuglement si magnifiquement illustré, les variations sur le pouvoir, les références littéraires (Rimbaud pour le titre, après un cheminement tordu trop long à expliquer ici, mais plus bas ) mais aussi psychanalytiques. N'en jetez plus la cour est pleine et à trop vouloir appâter le public, il risque d'être fort déçu à la vision de l'oeuvre. Car que voit-on à l'écran ? Une comédie un peu poussive, au scénario mal ficelé, éclairé et filmé comme un téléfilm de
L'intrigue, simple, mais cousue à gros points avec de très grosses ficelles, indignes d'un film d'auteur, se situe dans la bourgeoisie bobo parisienne. Damien (Jean Pierre Bacri), prof de civilisation chinoise, cinquantenaire en route vers la dépression, doit contacter son père qui siège au conseil d'état, pour qu'il intercède dans le dossier de reconduite à la frontière d'une amie de sa belle-soeur. Toujours terrorisé par son géniteur malgré son âge déjà avancé, Damien n'arrive pas à formuler sa demande lors d'un rendez-vous obtenu de haute lutte. S'ensuivra un quiproquo et des rebondissements totalement prévisibles.
Ce qui est étrange dans ce film, c'est qu'il supporte parfaitement la vision en extraits. Chaque scène prise isolément est agréable voire réussie. Celle où Damien fait face à son père et parle de sa sexualité, la rencontre avec Hortense, le face à face avec le serveur chinois avec qui Damien vient de passer la nuit, sont formidables mais hélas, amenées très lourdement, à cause d'un scénario, qui à force de vouloir créer du sens, oublie de tresser une trame narratrice convaincante. Au bout d'un moment, ces facilités sont agaçantes voire risibles. On a du mal à croire que Damien face à un père qu'il redoute, lui parle d'emblée de sa sexualité et lui demande s'il a déjà coucher avec un homme. Et que dire du personnage incarné par Isabelle Carré que Damien rencontre où qu'il aille, comme si Paris était un village de 150 habitants ? Tout le film est un peu comme ça, avançant à coup de facilités scénaristiques qui gâchent le plaisir de voir une pléiade de très bons comédiens jouant, par contre, leur partition habituelle. Bacri est un peu bougon et dépassé, Kristin Scott Thomas est toujours aussi belle et plisse le menton avec conviction lorsqu'elle pleurniche, Isabelle Carré est craquante et pleine d'empathie et Agathe Bonitzer (oui, la fille de ...) est toujours un peu raide.
"Cherchez Hortense" est beaucoup plus plaisant que les trois films précédents de Pascal Bonitzer, mais reste une comédie pas vraiment réussie, pas rasoir mais pas emballante pour deux sous, la faute à une scénario qui multiplie les références et les raccourcis faciles. Dommage, car il y a là dedans quelques moments assez réjouissants... pas assez pour recommander à mon entourage de dépenser 8 euros au cinéma.
PS : Le titre fait allusion à un poème de Rimbaud intitulé "H" dans les Illuminations qui se termine par "trouvez Hortense". On a supposé qu'il s'agissait d'une allusion sexuelle mais plus récemment, on pense que l'explication viendrait de l'expression "Je vais voir Hortense", populaire dans les Ardennes (forcément connue du poète) et qui veut dire "Je vais aux cabinets". Merci aux Inrocks pour le renseignement.
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