samedi 17 août 2013

La vie critique d'Arnaud Viviant


C'est un roman, c'est écrit sur la couverture. Mais le héros ressemble tellement à l'auteur qu'à la lecture on pense vraiment que l'on est dans le terrain de l'autobiographie. On voit, on entend Arnaud Viviant et du coup, on ne voit que lui, on n'entend que lui,  même dans les moments où l'on sait que c'est du roman (son débarquement de l'émission radio "Le masque et la plume").
Du coup, c'est assez déroutant. Est-ce de l'auto flagellation ou la vanité ? Parce que la lecture de "La vie critique" donne une image du critique (et par la même d'Arnaud Viviant) assez ambigüe, entre tentative d'apitoiement et dérision.
Côté apitoiement, nous avons notre compte. Un peu mal dans sa peau, pas très beau, vieillissant et bedonnant, le critique slalome dans la vie entre une femme, une maîtresse et un bébé. Il suit bien sûr une psychanalyse qui lui coûte cher (une séance équivaut en gros à ce qu'il gagne pour sa participation mensuelle à la célèbre émission de critiques de France Inter). Il a des problèmes de découverts bancaires, des doutes et des manques face à la littérature, commet des erreurs, est parfois assez déprimé  mais se refait une santé en surfant sur des sites érotiques sado-masochistes.
J'aurai pu le plaindre, le trouver attachant, mais non, parce que tout cela se passe dans un Paris intello et vaniteux. On sirote des alcools au Flore, on rencontre quelques célébrités, on s'enorgueillit de participer à des colloques pour parler devant une huitaine de personnes, scotchées par la qualité des propos du critique qui déblatère sur "Littérature et démocratie". Il rencontre des attachées de presse girondes et lascives qui s'appuient contre le premier arbre venu, offertes, n'attendant qu'une saillie sauvage du brave critique pourtant physiquement banal mais suintant de sexualité. Il fait aussi son érudit, étale ses connaissances, dresse au fil des pages des listes d'écrivains qui sont morts noyés, qui se sont suicidés, ...
Alors, je suis partagé. Dérision ? Nombrilisme ? Je ne sais pas. j'ai plutot versé dans le deuxième. C'est parfois intéressant, souvent bien vu et bien tourné , mais derrière la dérision, on sent tout de même la suffisance. Les collègues critiques se reconnaîtront sans doute et profiteront de l'occasion pour renvoyer l'ascenseur en louant avec des articles laudateurs, la haute tenue caustique du texte. Le lecteur lambda, à mon avis, pourra sans problème porter son regard vers d'autres livres de cette rentrée, plus profonds, plus ambitieux, moins nombrilistes.
Merci à Libfly et au furet du Nord qui m'ont permis de livre en avant-première ce livre dans le cadre de leur opération "On vous lit tout". 

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