Quand on est lecteur, il y a des livres qui ne sont pas faits pour nous. Cela peut paraître bizarre quand on aime la lecture, mais vous avez beau vous escrimer, persister, les pages de certains romans se tournent difficilement, l'ennui pointe son nez et tout ça finit en un combat épuisant entre un texte résistant et un lecteur de plus en plus réticent.
C'est ce qui vient de m'arriver avec "Parabole du failli" de Lyonel Trouillot. Le texte a gagné (?) car je suis allé jusqu'au bout, avec beaucoup de difficultés, sans plaisir, mais j'ai réussi à franchir la dernière ligne. La lecture de ce roman a été comme si, moi si peu sportif, avais participé à une étape de montagne du Tour de France avec arrivée au sommet du Tourmalet. Et je sors désolé de ma lecture. Désolé, car j'ai bien senti qu'il y avait un vrai travail d'écrivain mais qui, hélas, ne m'a pas du tout touché.
Le thème pourtant, les lieux évoqués, les situations avaient tout pour m'intéresser. Ces deux amis, haïtiens modestes mais cultivés qui, après le suicide à Paris de leur ami poète et acteur Pedro, évoquent leur rencontre, la vie avec et autour de lui, ses emballements, ses moments de déprime, auraient dû me toucher. Hélas, à cause d'une écriture difficile pour moi, souvent digressive, libre sûrement mais très encombrée par d'incessantes citations poétiques, je n'ai éprouvé aucune émotion, ni même d'intérêt. Il y a bien, par moments, quelques phrases, quelques paragraphes qui m'ont ému, remplis d'humanité et de tendresse pour ces gens qui vivent, survivent dans des zones misérables, mais ce ne sont que quelques rares éclaircies dans un texte, pour moi, indigeste. J'ai bien perçu toutefois tout le travail de vrai artisan des mots qu'il y avait, mais je suis resté hermétique à ce foisonnement poético/humaniste.
Alors, pourquoi en parler ? Peut -être pour rassurer d'autres lecteurs qui auraient eu ce livre entre les mains et qui ont cru se trouver comateux comme après une prise de somnifère ou blessés au moment de sa chute lors de l'endormissement (j'exagère, le livre n'est pas si lourd que ça).
Pour leur dire également que ce n'est pas grave du tout, que ça arrive. Et même si les éditeurs notent en quatrième de couverture : "hommage à l'humanité du désespoir (réelle, on la sent tout de même) et à l'échec des mots qui voudraient le dire mais qui, même dans la langue du Poète, ne parviennent jamais à combler la faille qui sépare la lettre de la réalité de la vie." (là, on se gratte un peu la tête et on relit après avoir bien respiré), tant pis, on ne fait pas partie des nombreux fans de Lyonel Trouillot. Il n'y a pas de honte à sentir qu'un auteur ne nous parle pas.
C'est un peu dommage pour moi, car il va s'ajouter à une liste comprenant Marc Lévy, Christine Orban mais aussi, aller je le dis, James Joyce ou Albert Cohen. Mais je peux par contre imaginer avec qui Lyonel Trouillot va copiner...
Livre lu dans le cadre de l'opération coup de coeur des lecteurs organisée par la librairie DECITRE et son site de lecteurs ENTREE LIVRE
J'ai eu le même sentiment avec "La belle amour humaine" et du coup je n'ai pas envie de faire un nouvel essai avec cet auteur. Je crois qu'il n'est pas pour moi... Et même chose pou Cohen :) !
RépondreSupprimerQue de goûts communs !!! Serait-ce nos origines landaises ?
RépondreSupprimerEt bien dis donc !!
RépondreSupprimerDur de lire certains bouquins de temps à autre. Généralement, j'arrête la lecture sauf si il y a un petit quelque chose
Pour celui-ci, comme il n'était pas long je l'ai lu jusqu'au bout... puisqu'il fallait que j'en fasse obligatoirement la chronique pour le site entrée-livre. Tu penses bien qu'habituellement ....
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