mercredi 25 janvier 2012

Sport de filles de Patricia Mazuy


Patricia Mazuy, la réalisatrice de "Sport de filles" a déclaré : "Je n'aime pas beaucoup les chevaux". Malgré quelques longues scènes de dressage à cheval, il est certain que le monde équestre n'est qu'un décor dans lequel les canassons font de la figuration. En regardant l'affiche, simple mais très esthétique, il ne vous échappe pas que Marina Hands arbore un bandeau style pirate, qui est tout à fait dans la tonalité de ce film, un rien poil à gratter, comme je les aime.
A l'instar beaucoup de films, le point de départ est la rencontre de deux mondes opposés. Ici, une jeune femme pauvre, passionnée de cheval, arrive à se faire embaucher comme palefrenière dans un haras des plus chics, dirigé de main de fer par Joséphine de Silène (parfaite Josiane Balasko). N'ayant pas le droit de monter le moindre bourrin, notre héroïne, pugnace et effrontée, en dressera un en cachette dans le secret espoir de se faire remarquer par le compagnon de la propriétaire, ex grand écuyer et entraineur de renommée mondiale mais surtout macho humilié (Bruno Ganz).
Jusque là, rien de bien original, on voit bien où tout cela risque de nous mener, vers une fin rose bonbon des plus convenues. Sauf que, cette fois-ci, il y a derrière la caméra une réalisatrice de tempérament. En plus des deux personnages féminins au caractère bien trempé cités plus haut, deux autres tout aussi teigneuses gravitent autour du seul mâle de l'histoire : sa richissime maîtresse vieillissante qui n'a qu'un désir, l'avoir dans son lit et dans son paddock en Californie (Amanda Harlech, muse de Karl Lagerfeld, pour le première fois à l'écran) et  la fille de la propriétaire, compétitrice de talent, épargnée par la douceur, ( Isabel Karajan, oui, la fille de Herbert von ...).
Ce quatuor de femmes fortes et finalement insensibles veulent toutes s'accaparer le personnage de Bruno Ganz, transformé ici en objet du désir, fripé, usé, malmené.
En quelques plans, Patricia Mazuy, saisit la passion qui anime tout ce joli monde. Chacun est enfermé dans sa bulle, solitaire mais progressivement l'histoire va en isoler deux pour mieux les rapprocher, sans que pour autant ils se soumettent.
C'est filmé avec ferveur et la scène de séduction équestre entre Marina Hands et Bruno Ganz est un grand moment de sensualité comme on en voit pas si souvent dans le cinéma français. C'est évidemment des portraits de femme fortes, qui ne doivent rien aux hommes et qui ne céderont jamais la moindre parcelle de leur pouvoir durement acquis.
Cinéma féministe diront certains et ils auront raison. Le parcours de l'héroïne ressemble étrangement à celui de la réalisatrice, fille de boulangers dijonnais, qui a su forcer les portes pour assouvir sa passion de cinéma. "Sport de filles" est fait de cette rage de réussir avec, en bonus, le talent et la volonté de l'intransigeance. Autant de bonnes raisons pour foncer dans votre salle préférée découvrir ce bon film français, où les codes balisés d'un scénario classique sont malmenés avec finesse. Et si, en plus, vous aimez les chevaux... vous serez doublement gâtés.

1 commentaire:

  1. Film fort, des personnages à l'épaisseur comme on aime, des chevaux magistraux...le rêve. pour les passionnés de chevaux, qui veulent en savoir plus sur le vrai Franz Mann, alias Patrick Le Rolland : c'est ici: http://www.thebbblondes.blogspot.com/2012/02/sports-de-filles-par-victoria.html

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