lundi 1 avril 2013

Ladivine de Marie Ndiaye


Décidément, l'univers de Marie Ndiaye n'est pas pour moi. Avec "Ladivine", j'ai retrouvé le même ennui qui m'avait englué lors de la lecture de "Rosie Carpe".  Toujours des portraits de femmes, enfermées dans une solitude poisseuse et qui traversent le monde, invisibles et inaccessibles, déroulant une vie monotone, sans relief apparent.
Dans "Ladivine", elle sont trois, trois générations de femmes au destin sans joie et dépressif. Elles auront toutes les trois une vie morne, empreinte d'une simplicité qui confine à la léthargie. des drames viendront s'immiscer pourtant, les affectant, les questionnant, les bouleversant en faisant voler en éclats leurs maigres certitudes.
Prendre des femmes simples pour héroïnes, les rendre pensantes et complexes, décrypter leurs pensées, fouiller au plus profond d'elles pour leur donner chair et accessoirement interroger le thème de la filiation et de la transmission est indubitablement une démarche littéraire intéressante.  Seulement Marie Ndiaye complique les choses à l'envi. Elle aime glisser dans son récit des éléments vaguement fantastiques pour les abandonner très vite (les vêtements volés, ...). Elle use aussi d'une symbolique pas toujours accessible. ( Ce, ces chiens que croise Ladivine, qui sont-ils réellement ? ) D'autres fois, elle introduit des éléments totalement illogiques qui ont perturbé le lecteur rationnel que je suis (le double prénom et la mère morte ne tiennent pas la route une fois l'héroïne passée devant le maire). Mais comme cela ne suffit pas, quand les personnages sont dans l'action, ils vont constamment errer par la pensée dans leur passé, le fouiller au plus profond, le ressasser inlassablement, ralentissant la narration et n'évitant pas toujours la redite. La lecture se fait alors pénible, voire irritante car, malgré tout, il y a une très belle écriture qui n'a pas son pareil pour évoquer les sentiments les plus subtils. Et c'est ainsi qu'apparaissent au détour d'une page, des fulgurances totalement marquantes. Malgré l'ennui éprouvé, je suis sûr qu'il me restera dans la tête, et pour longtemps, des images, des sensations, des lieux, ... C'est assez singulier mais c'était déjà le cas avec "Rosie carpe" dont certaines scènes sont encore bien présentes dans mon esprit, douze ans après sa lecture. Talent de l'écrivain évidemment mais sensation étrange d'incompréhension et, pour moi, sentiment de gaspillage au profit d'un hermétisme qui confine à la pose.
La presse a tressé des dithyrambes pour ce livre, parlant d'oeuvre labyrinthique qui se méritait. Quand les critiques emploient ces mots, il est certain que l'on a affaire à quelque chose de fort ennuyeux, voire plus.  Pour ma part, et cela se vérifie ici, l'univers romanesque de Marie Ndiaye et son écriture pourtant impeccable, ne me parlent que trop peu. Ce ne sont pas les quelques paragraphes étincelants débusqués ici ou là qui me feront conseiller ce "Ladivine" aux étranges méandres psychanalitiques.

1 commentaire:

  1. Ahh, cela me rassure - je souscrit entièrement à votre ressenti (critique)
    Bernhard

    www.lorenztradfin.wordpress.com

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