jeudi 21 juillet 2016

Un jeune homme superflu de Romain Monnery


Ecrire sur "Un jeune homme superflu" se révèle être un exercice intimidant. Comment rivaliser avec un tant soit peu de talent ou de virtuosité à ce roman qui manie l'humour et la phrase qui fait rire avec une telle maestria ? Mieux qu'une sitcom de M6 ( vous me direz, ce n'est pas difficile), largement aussi drôle qu'un troupeau de blogueuses trentenaires à la recherche du grand amour, Romain Monnery frappe fort ! 380 pages de remarques acerbes, drôles, acides, marrantes, sur la vie d'un pauvre mec ( sans doute trentenaire), pas fana du boulot et en coloc avec un rustre et une nymphomane spécialisée dans les Quasimodo. Y'a pire comme point de départ même si la colocation et ses aléas reste un sujet déjà fort labouré dans le genre " Qu'est-ce que c'est marrant des gars qui rotent de la bière en matant du porno à la télé ! ". Le montage du roman rappelle d'ailleurs le format des sitcoms télé d'avant film de la soirée qui avancent à coups de petites pastilles. En faisant fonctionner sa cervelle deux secondes, ça ressemble pas mal à "Bloqués" quand même ! Mais nous ne sommes pas affalés devant notre écran, croyant regarder un programme pseudo subversif donc branché, mais dans un roman. Et ses petites pastilles qui se succédant donnent tout de même un champ plus vaste  au personnage principal que la ( ex?) série du Petit Journal.
Creusant un thème déjà abordé lors de son premier roman, " Libre, seul et assoupi"....( Oh ça fait beaucoup de recyclés ça !), Romain Monnery continue ses petites attaques sympatoches sur ce mal contemporain, l'absolue obligation de travailler. Cette résistance au boulot dans un monde de petites fourmis laborieuses ou qui essaient de l'être, est réjouissante surtout qu'elle est incarnée par un pauvre gars qui n'a envie de rien et pour qui la vie est un long fleuve tranquille sans l'ombre d'un clapotis. Pas d'emploi, pas de fric, pas d'envies, pas de filles, pas de gars, juste la télé, la masturbation et le temps qui passe. Quelques relations tout de même le font sortir de son appartement crasseux, d'aérer le récit ( à défaut de la coloc) et permettent ainsi à l'auteur de poser son regard acéré sur les petits travers de nos vies urbaines.
Même si ce n'est finalement pas d'une grande originalité, les deux premières parties sont franchement hilarantes. On se demande parfois si une part autobiographique ne s'est pas glisser entre les lignes mais il est certain que  Mr Monnery est loin d'être fainéant sur le comique de situation et la phrase qui pétille et fait tordre de rire le lecteur. Exemples, pris au hasard. Pour évoquer l'ennui : " Je fixe mon araignée au plafond dans l'attente qu'elle m'invite à me faire une toile." ou en parlant de la voix de sa collègue de bureau : " Insupportable comme une version de La Marseillaise interprétée par des ongles crissant sur un tableau noir."  ...Ah oui, je ne vous avais pas précisé que dans une troisième partie, il filait au boulot le héros ! Et là, je ne sais pas pourquoi, peut être parce que j'ai bien apprécié glandouiller, ce dernier tiers a pris des allures de fin de marathon. L'humour est toujours là, l'observation parfois assez fine voire tendre aussi, mais, comme le personnage principal, le coeur n'y était plus. La vie de bureau, ça ne l'a pas vraiment fait.... Peut être n'aurai-je pas dû tout lire d'une traite. Je le sais bien pourtant qu'il ne faut jamais manger le troisième paquet de fraise Tagada ( celui offert pour l'achat de deux !) dans la foulée !
Quoiqu'il en soit, si vous voulez une lecture d'été détendante, qui fasse oublier souci et travail , ce "jeune homme superflu" est un bon choix. Certes pas de la grande littérature ....mais un roman bien troussé, bien écrit dans son genre, avec une once de subtilité et un soupçon de poésie de Michel Houellebecq... Alors tentés ? 

2 commentaires:

  1. La petite fourmi laborieuse, de bon matin, est bien tentée. Résistance! Les vacances approchent à grands pas.
    Et si en plus il y a un soupçon de Houellebecq, cet achat s'avère être loin d'être superflu!

    RépondreSupprimer
  2. L'humour(comme j'aime) est au rdv, personnage attachant, agréable moment de lecture pour les vacances de fourmis!
    « La danse, c’est ce truc qu’on fait en soirée dans l’attente hypothétique que les filles soient assez fatiguées pour vous tomber dans les bras. »

    RépondreSupprimer