mercredi 15 février 2012

La vie d'une autre de Sylvie Testud



Dans un élan proche du masochisme, je m'en suis allé voir "La vie d'une autre", le premier film de la comédienne Sylvie Testud. Je parle de masochisme car j'avais lu il y a quelque temps le livre dont est tiré cette oeuvre, roman sans aucun intérêt. Je pouvais espérer que le passage sur grand écran donnerait du lustre et de l'éclat à quelque chose qui, à l'écrit, n'était que platitudes. Je pensais mal car, bien que sérieusement remaniée, l'intrigue reste la même mais avec, ô ironie, encore plus de maladresses et de grosses ficelles.
Le film débute par la rencontre de l'héroïne, Marie (Juliette Binoche) avec Paul (Mathieu Kassovitz), scènes ratées où les acteurs sont censés avoir une petite vingtaine d'années. Qu'importe la crédibilité! Ils s'aiment et passent la nuit ensemble et, c'est là que se situe l'astuce du scénario, Marie se réveille quinze ans plus tard, la mémoire vide.
Vous imaginez l'étonnement de Marie/Juliette Binoche (sourires, mine triste, yeux qui roulent) mais par contre vous ne pouvez deviner les dialogues hilarants :
-Quoi, c'est moi ça ! dit-elle devant une glace, horrifiée.
Bon, voir le visage de Juliette Binoche, même à quarante ans, dans sa glace, je ne pense pas que ce soit traumatisant. 
La suite est du même acabit. Elle ne reconnait bien sûr personne, se comporte comme si elle avait 20 ans sans pour cela susciter des questions de son entourage, qui se contente de prendre des airs étonnés ou surpris. Là, le film hésite entre comédie et drame, sans jamais trancher.
Marie s'aperçoit très vite qu'elle est, entre autre, très riche, la numéro 1 bis d'une multinationale et qu'elle est en train de divorcer de son mari, le Paul du début que, les 15 années effacées, elle aime toujours. Vous suivez? Parce que dans le film c'est ça, plus des affaires de famille, d'amant supposé et de maîtresse du mari. 
Dans ce qui est un enfer quotidien, Marie n'a vite plus qu'un seul but : reconquérir son Paul de mari avant que le divorce ne soit prononcé. Ca, c'est le pitch de la pub, histoire de faire penser à un suspens romantique à souhait. Quand arrive cette partie du film, il y a longtemps que le spectateur est partagé entre le fou rire et l'incrédulité. Il est comme Mathieu Kassovitz, dubitatif. L'acteur à l'air de se demander ce qu'il fait là et si son cachet suffira à payer quelques traites.(Bon, moi, je n'ai pas été payé pour voir ce film et je ne me demande pas si je vais être remboursé pour cause de désastre.)
Reste la seule chose qui pourrait donner la seule bonne raison de voir "La vie d'une autre" : Juliette Binoche ! Oui, elle en fait un peu trop, pleure, éclate de rire, surjoue parfois mais quel plaisir de voir cette comédienne. Plus elle vieillit, plus elle est belle, imprimant la pellicule et captant la lumière comme ce n'est pas permis. Son jeu heureusement un rien outrancier fait que, quand même, on suit le film jusqu'au bout pour elle, rien que pour elle et pour aucun(e) autre.






2 commentaires:

  1. ouf, ça me rassure de lire ton commentaire Pierre. Ce film m'avait laissé perplexe entre fiction et invraisemblances nombreuses. Pourquoi ce trou noir de 15 ans, l'héroïne a t elle eu un accident, un avc ? bref rien ne nous éclaire. La seule chose qui m'a permis d'émerger c'est la lumineuse présence qui crève l'écran, de Juliette Binoche qui rendrait plus crédible n'importe quel film.
    Au plaisir de te revoir à la prochaine réunion lecture. Annie.

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  2. Pour ma part, j'ai trouvé Binoche ridicule et exaspérante, le film sans intérêt et je suis partie après le dîner sur la péniche avec la nausée

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