lundi 3 juin 2013

Orignal de Max de Radiguès


 Voilà un roman graphique qui ne peut laisser indifférent ! J'élimine tout de suite les considérations zoologiques, ce n'est pas un documentaire sur les moeurs de l'orignal, ce cervidé du continent américain. Il est là uniquement pour donner à l'intrigue sa part de rêve et heureusement, car elle en a bien besoin...
Joe est un collégien, paraissant rêveur, aimant visiblement la nature car, il préfère, malgré la neige, rejoindre son collège à pied plutôt que dans le car de ramassage scolaire. C'est ainsi qu'un matin, il se trouve nez à nez avec un orignal... Ce qui aurait pu être une énième histoire d'amitié entre un garçon et une bête sauvage, prend soudainement un virage plus contemporain et surtout plus inquiétant. Ce qui nous avait paru de la mollesse et de la rêverie n'est en fait que le profond mal être d'un élève victime de harcèlements divers et de racket de la part d'un de ses camarades de classe, l'inquiétant et vicieux Jason. D'humiliations en coups divers et variés, Joe va vivre un véritable enfer sous les yeux d'adultes intrigués, interrogateurs mais finalement impuissants à faire parler l'adolescent proprement terrorisé par son tortionnaire.  Le récit impitoyable va avancer vers un final terriblement inconfortable, qui laisse le lecteur dans un état étrange, partagé entre rejet et soulagement.
Pour moi, ce récit est un vrai coup de coeur. En plus de sa fin perturbante (et vous savez peut être que j'aime bien être dérangé par une lecture ), Max de Radiguès excelle à mettre en perspective les sentiments de son personnage principal . Grâce à un dessin au trait fin et simple, permettant à n'importe quel lecteur une identification troublante, son récit progresse inexorablement vers un final éminemment ambigüe et dérangeant. La succession de planches narratives et celles sans texte rappelle parfois "Elephant" de Gus Van Sant dont le propos était assez différent mais dont on retrouve ici le même mal être et  qui distille également une terrible violence sous-jacente.  Je ne dirai rien de la fin de cette histoire sauf que la sexualité y joue un rôle important, à la fois primaire mais également psychanalytique, complétant ainsi ce tableau hyperréaliste du monde implacable de la sortie de l'enfance.
Ne vous fiez pas à cette couverture un peu enfantine d"Orignal", car elle cache des pages d'une justesse de ton sidérante mais aussi une réflexion hautement déconcertante mais passionnante sur le mal être des adolescents.
Pour moi, un énorme coup de coeur qui m'incite à aller découvrir les précédents albums de cet auteur dont je ne manquerai pas les prochaines productions.



3 commentaires:

  1. Comme tu le me l'as bien vendu je suis allé le lire, (ce qui est rarissime avec la bd pour moi)... Et bon, oui, hein, oui c'est pas mal, mais qu'est ce que c'est court et puis désolé mais qu'est ce que c'est cher quand même (13 euros !!!).
    Mis à part tout ça, oui je suis d'accord avec ta critique c'est troublant, étonnant etc...
    a+
    Yann Frat

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Un bon point, cette BD t'a plu. Ensuite pour le prix, tu as eu de la chance car le moindre roman graphique avoisine les 20/25 euros... comme un roman classique. Tu me diras que le ratio temps de lecture/prix n'est pas favorable à un achat de BD mais quelquefois j'ai tout de même l'impression que les auteurs de romans graphiques passent plus de temps à peaufiner leur sujet que pas mal d'écrivains (suivez mon regard ).

      Supprimer
  2. Pas faux, c'est sur qu'il n'y a rien à jeter dans le texte (...) mais bon j'ai l'impression d'avoir eu un court métrage pour le prix d'un film quoi ;)). Ceci dit le dernier dan Brown (inferno) est vendu à 23 euros !!! Et j'ai failli faire un arrêt cœur... Qui peut payer ça, pour ça?

    Enfin ceci dit oui je l'ai acheté, je l'ai lu et ça m'a bien plu. Nous avons des goûts communs AUSSI en bd ;)
    a+
    yann Frat

    RépondreSupprimer