mardi 28 août 2012

Anima de Wajdi Mouawad


Parler d'"Anima" est difficile car c'est un livre qui vous prend aux tripes sans jamais vous lâcher. Le chemin parcourut avec ce roman est un de ceux qui vous marquent, vous remuent et croyez-moi, il ne m'est pas facile de trouver des mots assez attrayants pour donner envie d'aller se plonger dans cet univers violent jusqu'à l'insoutenable.
Il ne faut surtout pas être déprimé pour s'embarquer avec Wahhch, le héros, qui, en rentrant du travail découvre sa femme sauvagement assassinée. Le meurtrier l'a violée dans la plaie qui a occasionné également le mort du bébé qu'elle portait. Fou de douleur, il va partir sur les routes, à une saison où la neige se transforme en boue grisâtre, à la poursuite de l'assassin, indien que la police se refuse à arrêter pour cause de conflits d'intérêts. Sa traque n'est pas une vengeance, seulement le désir de mettre un visage sur ce meurtrier.
Voyage initiatique  pour le héros, la tête encombrée de beaucoup de fantômes du passé qui le hantent et qui vont le conduire vers une vérité voulue, désirée mais totalement terrifiante.
L'histoire peut sembler banale et avoir un air de déjà vu. Seulement, ici, l'écriture, le propos, les lieux, tous font sens, se répondent, s'entrecroisent et forment une oeuvre d'une incroyable richesse non dépourvue d'ambigüité (fascination pour la cruauté ?).
Les premiers articles parus dans la presse s'attardent énormément sur la narration de ce récit, totalement originale puisque toujours racontée du point de vue de tous les animaux croisés par Wahhch (chien, chat, papillon, souris, oiseaux divers, ....). Si au départ ce procédé surprend, il devient vite partie intégrante du propos et donne à cette histoire un écho particulier à la violence  inouie qui court au fil des pages, violence que la presse n'évoque pas. L'homme y est dépeint pire qu'un animal qui, pourtant, nous est montré, lui aussi, dans sa bestialité la plus scientifique c'est à dire violent par nécessité, pour sa survie. L'humain est peut- être un animal doué de raison mais il s'en sert surtout ici pour satisfaire ses instincts bestiaux. Noirceur extrême, avec, heureusement, quelques personnages moins primaires, mais surtout roman porté par une écriture magistrale, qui vous accompagne jusqu'au bout du plus insupportable.
Wadji Mouawad en ouverture de son site internet écrit une phrase qui résume pas mal son nouveau roman :"Un artiste est un scarabée qui trouve, dans les excréments mêmes de la société, les aliments nécessaires pour produire les oeuvres qui fascinent et bouleversent ses semblables". C'est un parfait résumé de l'esprit d'"Anima" et c'est ce que vous y trouverez dedans. Vous êtes prévenus.

Merci au site EntréeLivre pour m'avoir fait découvrir ce roman. D'autres avis ICI mais aussi sur le blog de ZAZY









2 commentaires:

  1. Des livres que j'ai lus lors de cette rentrée littéraire, cela reste mon grand coup de coeur
    Je mets un lien de mon blogue vers le tien pour ta chronique bien tournée !

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  2. un grand coup de cœur pour moi aussi!

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