mercredi 26 décembre 2012

Bicycle 3000 de O Se Hyung


La Corée (du sud) est tendance. La KPop a envahi les ipods de nos ados et quelques mangas ont également séduit le public. Le one shot "Bicycle 3000" du coréen O Se Hyung que viennent de publier les éditions Kana, s'adresse, à mon avis, au public plutôt ciblé des amateurs de BD haut de gamme et des amateurs de films Art et essai (si l'on en croit le petit auto-collant posé sur la couverture et citant Kurosawa et Park Chan-Wook).
La belle couverture, brumeuse, verdâtre, faisant apparaître un visage sans yeux, nez et bouche, situe d'emblée le récit dans des zones troubles.
L'histoire débute dans un commissariat. Un gros jeune homme muet est interrogé sans égards sur le massacre d'une famille et le kidnapping d'une jeune fille par ailleurs présente lors de cet interrogatoire. A partir de flash-backs, l'auteur va nous dévoiler petit à petit des facettes inattendues de ce drame.
Avec des illustrations grises et sombres, où la couleur ne peut avoir sa place, avec des cadrages décalés mais particulièrement soignés, l'atmosphère s'épaissit peu à peu. Le sordide côtoie la violence latente mais aussi le mal être d'une jeune fille enfermée dans un univers familial des plus lourd.
Malgré un texte assez minimaliste, "Bicycle 3000" nous fait plonger dans un univers froid et poisseux. La narration sophistiquée, très arty, peut rebuter les amateurs d'histoires linéaires mais en complexifiant un sujet un peu banal, elle apporte au lecteur qui veut bien jouer le jeu, un plaisir de lecture évident.
J'ajouterai pour terminer, et cela participe à la réussite de cet album, que l'histoire est émaillée de grandes planches somptueuses, très picturales, d'une saisissante beauté. Elles donnent à cet horrible fait divers une poésie inattendue mais bienvenue, comme une bouffée d'air frais après un incendie.

2 commentaires:

  1. Merci pour cette chronique !
    J'ai hésité à l'acheter puis me suis rétractée : trop d'histoires dramatiques coréennes dans ma manwhathèque.
    Heureusement, les éditeurs n'ont pas forcément attendu le succès récent de la Corée du Sud pour proposer une littérature intéressante. Toujours chez Kana, je recommande chaudement Cosmos, un recueil d'historiettes avec des styles graphiques différents mais tous travaillés, ou le magnifique Cours, Bong-gu, un poil triste mais plein d'espoir.
    Chez Casterman, on a le surprenant Brève cohabitation, l'histoire d'un "loser" et de son cafard géant de compagnie.
    J'en laisse plein de côté mais vraiment, la production coréenne a bien trouvé sa place :)

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    1. Merci pour votre commentaire et vos conseils de lecture. Je vais m'empresser d'aller voir de plus près voir recommandations.

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