samedi 25 avril 2015

Caprice d'Emmanuel Mouret


Il y a une dizaine d'années, je prenais un certain plaisir à la vision des comédies décalées d'Emmanuel Mouret. Même en 2011, "L'art d'aimer", film à sketches divertissant avait eu l'heur de me plaire...
Si dans "Caprice" qui sort cette semaine, on retrouve une jolie image au service de deux des comédiennes les plus pimpantes et pétillantes du cinéma français, force est de reconnaître que la magie n'opère plus sur moi. Malgré la présence de Virginie Efira et Anaïs Demoustier, j'ai sombré dans un ennui total, parfois au bord de l'agacement.
Si le titre peut rappeler Marivaux, si les situations et les dialogues lorgnent vers Eric Rhomer, le film n'est hélas qu'une suite de rebondissements tous plus improbables les uns que les autres. Et encore, "rebondissements" est un bien grand mot qui laisse croire que tout cela a des allures de comédie à l'américaine, alors que nous sommes plutôt au rayon "linge de nuit" d'Auchan. On ne croit pas une seconde au scénario qui multiplie les hasards et les prétextes les plus lourds, pour faire se rencontrer les personnages eux-même caractérisés de façon monolithique.
Clément, le héros, est aussi maladroit que niais, arrivant sans le vouloir à séduire Alicia, grande actrice ultra célèbre qui tombe raide dingue de cet instit pourtant bien peu charismatique. Et comme l'amour attire l'amour, une jeune et collante apprentie comédienne , Caprice ( tu parles d'un prénom!), va s'incruster dans sa vie jusqu'à finir aussi dans son lit. La situation commence à se compliquer pour ce brave garçon dont le coeur balance entre les deux donzelles....
Le spectateur que j'ai été n'a guère balancé longtemps. Entre les dialogues sortis d'un roman bien poli des années 30 et les personnages improbables et agaçants, je n'ai eu qu'à lutter contre l'ennui. Virginie Efira a beau être délicieuse, je me suis demandé si cela pouvait exister une star aussi gnangnan dans la vie de tous les jours. Elle est mise en scène avec une attention d'entomologiste craignant d'égratigner légèrement une belle pièce de sa collection de papillons exotiques. Du coup, elle n'a rien à faire que de porter des robes nunuches ou recevoir des bouquets de chez Monop'. Anaïs Demoustier en enquiquineuse est mieux lotie. Ses dialogues pétillent un peu, comme de la Badoit, mais reste cantonnée à son personnage monobloc.
Quant à Emmanuel Mouret, il serait peut être temps que quelqu'un lui dise qu'il pourrait arrêter de jouer les séducteurs rêveurs et mollassons, on n'y croit plus du tout. Est-ce l'âge ? (Les tempes grisonnantes ne lui apportent donc pas un peu de maturité ? ) Sont-ce ses dialogues  ( - (voix suave de Virginie Efira) Clément ?! - (voix traînante d'Emmanuel Mouret) Ouuuiiii... ) entendus une bonne dizaine de fois et donnant l'irrésistible envie de secouer tout le monde (baffer a même dit ma voisine de siège) ? Est-ce aussi cet univers un peu particulier qui n'arrive plus à paraître décalé dans une époque trop morose pour se captiver aux caprices du coeur d'une bande de personnages au babil hors d'âge ? Un peu de tout cela sans doute....
Et si la prochaine fois Emmanuel Mouret s'attaquait à une autre genre que le marivaudage convenu ? Je ne sais pas , le western, le film érotique, l'horreur ? Cela pourrait être drôle du coup, surtout avec ses ingrédients benêts habituels. Il retrouverai cette allure décalée qui pouvait plaire dans le temps... et nous surprendre plus qu'avec ce "Caprice" qui n'est au fond qu'une antichambre du sommeil.



1 commentaire:

  1. Alors, pour le coup, j'ai vu "Caprice" et, j'ai ,plutôt passé un bon moment. Il est vrai que Mouret , possède un style bien atypique .

    C'est (très souvent) improbable cette histoire de marivaudage et un peu gnan-gnan il faut avouer. je pense que le cinéma d’Emmanuel Mouret est à prendre à 7ème degré .

    Il est vrai qu'il ne joue pas bien (toujours le même personnage d’ahuri lymphatique) mais il est toujours bien entouré le bougre !!

    Virginie Efira et Anaïs Demoustier,font ce qu'elles peuvent pour rendre le film appréciable (vous vous êtes endormis , je peux le comprendre).

    J'aime bien ce style au 10 eme degré mais je pense qu'il faudrait (comme vous l’écrivez) que Mouret se renouvelle.

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