mercredi 22 juin 2016

Le reste de leur vie de Jean-Paul Didierlaurent



Il est des moments dans une vie où l'on a besoin de se faire du bien. Il existe mille façons d'y arriver de l'engloutissement névrotique de fraises Tagada à des activités plus physiques seul, à deux, à trois... (Je parle de sport là !). On peut aussi avoir envie de lire un de ces multiples livres légers, bourrés de beaux sentiments qui fleurissent toute l'année sur les rayons des librairies et des hypermarchés. En ce printemps assez pourri  ( depuis le temps que l'on nous annonçait un changement climatique...), l'envie de me plonger dans le deuxième roman de Jean-Paul Didierlaurent ne m'est pas venu tout de suite. Il faut dire que son entrée en littérature avec "" Le liseur du 6h27" ne m'avait pas totalement convaincu et si une lectrice fidèle du blog ( merci à elle !) ne m'avait pas offert la possibilité de me plonger dans celui-ci, jamais je n'aurai eu ce shoot de sucrerie romanesque ni connu la destinée d'Ambroise et de Manelle, prénoms gracieux et sans doute la seule grande originalité de l'ouvrage.
Ambroise est thanatopracteur. Nous le suivons au gré des différents morts à qui il redonne un semblant de vie en essayant de restituer le plus professionnellement possible les traits qu'ils arboraient  arpentant les rues de leur quartier. Bien sûr, Ambroise est jeune et beau et célibataire ( les amoureuses ont tendance à fuir quand elles apprennent son métier) et fils d'un prix Nobel de médecine. Il vit chez sa grand-mère, sorte de Mamie-Nova, en plus drôle et visiblement adepte de la vraie bonne cuisine d'antan.
Manelle, elle, est jeune et belle et célibataire et fille de ... personne de bien connu. Elle est aide-ménagère auprès de seniors auxquels elle voue un attachement variable, sa préférence allant sans doute à Samuel, ancien rescapé des camps nazis et pâtissier à la retraite mais hélas porteur d'une tumeur au cerveau.
Ceci posé, la suite est difficile à deviner à moins d'avoir lu au moins un livre dans sa vie ! Mais, il faut que je sois honnête. Comme dans "le liseur ", le roman démarre de façon sympathique. Les métiers des protagonistes, rarement exploités en littérature de gare, prennent vie sous la plume de  l'auteur qui porte sur eux une vraie justesse de  regard et toute une kyrielle de  précisions jamais ennuyeuses. Un grande empathie émane de ces portraits croisés, croqués avec chaleur.
Là où cela a commencé à se gâter pour moi, c'est quand, il a fallu que l'intrigue se noue. Sans parler des ficelles scénaristiques que l'on voit arriver comme un trois mâts sur le port de Benodet, le récit semble prendre un parti-pris militant anti-avortement et anti mort assistée. Comme je suis plutôt à l'opposé, mes dents ont grincé. N'évoquant qu'une sorte de point de vue (surtout sur l'IVG), le roman plaide pour la vie. Honorable au premier degré et sans doute plus vendeur dans un récit fourré aux bons sentiments, cette apologie bien pensante ne déviera jamais de son chemin bisounours. Avec quelques coups de théâtre tellement énormes que l'on a envie de refermer le livre, l'auteur s'ingéniera à écarter les personnages des mauvaises tentations ou à réparer les fautes commises.
"Le reste de leur vie", comme "Le liseur..." démarre plutôt pas mal pour s'enfoncer dans une bouillie très très sucrée  qui, cette fois-ci, pour ma part, m'a laissé comme un arrière goût de rance. Mais suis-je vraiment un lecteur de roman qui font du bien ? ( Je pense que oui. il m'est arrivé de prendre du plaisir aux ouvrages d'Agnès Ledig" ou de Marie-Sabine Roger...)

6 commentaires:

  1. La seule histoire ,de nos jours, où si nos papiers ne sont pas à jour, cela nous sauve la vie;-)Reconnaissez au moins cette originalité? Pour le reste, je partage les fraises Tagada!

    RépondreSupprimer
  2. Je suis en train de le lire et je ne retrouve pas du tout l'humour et l'originalité du Liseur. (A vrai dire, je ne le trouve pas très drôle). Il ne faut pas les comparer, je pense. J'en suis aux 3/4 du roman et ta chronique conforte mon impression. L'ennui l'emporte sur le côté sucré et en ce qui me concerne, je suis très déçue. Irai-je au bout ???

    RépondreSupprimer
  3. J'avais aimé le liseur car il y avait une originalité dans ce livre. Ton commentaire ne me donne pas du tout envie de découvrir son nouveau roman

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonsoir ! Pour ma part, j'ai lu aussi ce livre et je l'ai adoré! J'ai trouvé en lui une petite pépite. Je te laisse le lien ici si jamais tu veux lire un avis positif : https://legouutdesmots.wordpress.com/2016/06/15/le-reste-de-leur-vie-jean-paul-didierlaurent/
      Après je n'ai pas lu son premier livre, je ne peux pas faire de comparaison mais j'ai vraiment trouvé l'histoire originale !

      Supprimer
  4. Moi aussi j'avais beaucoup aimé l'originalité du début du liseur, cette broyeuse de livres...Et mon billet reflète ma déception...

    RépondreSupprimer
  5. Je viens de le commencer. Pour le moment, j'aime bien. La description des métiers est en effet assez sympa. Mais j'ai peur pour la suite. J'avais trouvé Le liseur du 6h27 inégal... Faute de l'auteur, de l'éditeur ?? Je continue...

    RépondreSupprimer