samedi 5 novembre 2016

Réparer les vivants de Katell Quillévéré



Après le livre aux multiples prix, après l'adaptation théâtrale qui a enflammé Avignon, voici le film qui enthousiasme la critique. Etant seulement lecteur du roman qui, à part quelques petites réticences sur la tendance de l'auteure à s'écouter parfois écrire, emportait sans problème l'adhésion, l'adaptation cinématographique attisait ma curiosité, même si l'on reniflait l'espoir d'un bon coup juteux pour les producteurs. A l'arrivée, j'ai plutôt un sentiment mitigé. Le film, en voulant se démarquer du livre, propose un récit un peu bancal.
Pour rappel, le roman, au timing haletant, racontait le parcours d'un coeur qui de bon matin était dans le corps d'une jeune surfer et finissait dans la nuit suivante dans le thorax d'une cinquantenaire. Entre les deux, les vivants, les humains qui souffraient, exerçaient leur métier ou accompagnaient ce coeur dans une course contre la montre pour la vie.
Le film garde la trame générale, plaidoyer pour le don d'organe mais s'essaie à autre chose que ce périple à la tension ininterrompue. Le début du film, magnifique mise en image silencieuse des mots du roman, nous plonge avec poésie dans cette passion que peut être le surf pour des passionnés, moment intense que la scène forte et minimale de l'accident clos sans appel. Et nous basculons dans l'humain, avec une succession de personnages, tous joués par des têtes d'affiche qui font leur job à merveille ( même si j'ai trouvé Tahar Rahim, empathique mais pas trop crédible en médecin). Ce que le film apporte en glamour ( oui, même pas maquillée, Emmanuelle Seigner est sublime ), on le perd en tension narrative. Une évidente envie de ne pas trop jouer la carte larmoyante doublée de l'arrivée très rapide de la future greffée, dirige le film sur deux voies différentes qui ont au final du mal à se marier. On s'attarde sur l'univers de Claire Méjean, la receveuse du coeur, sa vie familiale, son amour pour une belle concertiste, cassant du coup l'urgence et la frénésie que crée la situation. Et quand le coeur reprend le dessus, c'est pour nous imposer une longue opération qui au final n'a guère d'intérêt dramatique. Anne Dorval a beau être formidable, Dominique Blanc incarner à merveille un grand chirurgien, le film perd en intensité et slalome entre deux réalités pas totalement en harmonie. Il a beau avoir une unité de temps et baigner constamment dans une lumière pâle ( aube, temps gris presque pluvieux, tombée de la nuit), entre chien et loup, la greffe  entre technique médicale et vie humaine ne prend pas réellement. Sans arriver au rejet, on se contente d'admirer la parfaite illustration d'un don civique et citoyen.
"Réparer les vivants", le film, malgré une tentative d'y mettre un regard personnel, peine à convaincre. Reste la  bande de comédiens formidablement dirigés qui  parvient à donner un certain cachet à cette production délicate mais pas vraiment convaincante.


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