mercredi 28 décembre 2016

La famille Fun de Benjamin Frisch



Rien mais alors absolument rien de fun, dans cette famille ! D'ailleurs, dès les premières pages, alors que parents et enfants s'apprêtent à partager dans la joie et la bonne humeur leur repas, un coup de fil leur annonce la mort de la grand-mère. Nous sommes refroidis d'un coup et, je dois le dire un poil rassurés aussi, car les premières planches, exagérément dégoulinantes de bonheur, pouvaient laisser présager une histoire à l'américaine un peu rose bonbon. La suite prendra un drôle de chemin, pas très confortable pour le lecteur qui se demandera toujours où l'auteur veut en venir. Après les obsèques de l'aïeule, la mère de famille, pourtant aux apparences bien planplan, du genre à régaler sa famille de cookies et à briquer son intérieur avec bonheur, éprouve soudain l'envie de consulter le docteur Conroy, inquiète de l'attitude un peu renfermé de son mari qui a bien du mal à se remettre du récent décès de sa génitrice. Or ce spécialiste verse plutôt dans le genre gourou/psy. La ménagère qu'est madame Fun tombe dans les mailles de son filet, décide de quitter son mari et de partager les enfants. Deux iront vivre avec elle, deux resteront à aider le père qui sombre dans une déprime totale....
Avec un mélange de bons sentiments, une touche d'évangélisme béat, nous suivrons cette drôle de famille où les aspects de la vie américaine moyenne sont passés sous un drôle de scalpel, tour à tour bien affûté ou alors dégoulinant...de guimauve. Ce mélange ambiguë, entretenu par un dessin tout en rondeurs, peut tour à tour se révéler sarcastique quand il aborde les nombreuses croyances mercantiles qui hantent la middle-class américaine, franchement cruel quand il parle de l'enfance confrontée à l'égoïsme parental mais aussi nunuche ( faussement ? je ne suis pas arrivé à déterminer) dans un sous texte qui m'a paru pétri de religiosité et de bien pensance.
Même si on peut y voir un dézingage en règle de la société américaine et de son socle premier, la famille, "La famille Fun" surprend par son traitement allant de la cruauté jusqu'au surréalisme tout en gardant, en plus d'une représentation graphique assez mièvre, un soupçon de sentiments confits de morale chrétienne. Cette ambivalence donne un roman graphique sans doute hors norme, mais pas totalement emballant.

Merci au site BABELIO et aux éditions Cà et Là   de m'avoir fait découvrir cet ouvrage !



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