samedi 19 octobre 2019

La chaleur de Victor Jestin


Derrière le grand succès du " Bal des folles" de Victoria Mas, un autre premier roman fait pas mal parler de lui : "La chaleur" de Victor Jestin. Après sa lecture, on peut se demander ce qui a bien pu séduire critiques et membres de jurys de prix littéraires... 

Le ciel, le soleil et la mer ? 

N'allez pas croire que je pense que les jurés des prix, les critiques, soient fans des oeuvres lyriques de François Deguelt. Si pour beaucoup, ils ont l'âge d'avoir passé leur été 1965 à écouter ce tube d'été sur leur tourne-disque, on constate qu'un peu d'air iodé, du soleil sur la peau ( et une couverture à l'érotisme flagrant) doit aider à ouvrir un roman plus qu'un autre. ( La même histoire dans un gîte 1 épi en Haute-Marne en novembre, avec une photo des mêmes créatures en doudoune, n'aurait sans doute pas donner l'ombre d'un regard sur cet ouvrage). Alors, oui, 155 pages au bord de l'Atlantique, dans les Landes et, ô comble de l'exotisme pour beaucoup, dans un camping ! ( c'est fou!). C'est court, écrit gros, lu en une heure ... tout bon pour faire un petit papier sympa qui ne mange pas de pain ( mais qui en fait gagner). Comparé à toutes ces histoires sordides de migrants, de femmes harcelées, de terroristes, ça détend pas mal un roman aux odeurs estivales. 

La chair fraîche? 

Question chair fraîche nous sommes servis. De l'auteur, la vingtaine conquérante, l'haleine aussi fraîche que la peau, aux ados de l'intrigue, tout hume la jeunesse craquante aux hormones frémissantes. En plus ils sont en bord de mer, presque nus ( l'auteur n'a pas poussé jusqu'à planter l'action dans un camping naturiste...) et sérieusement taraudés par l'envie de faire l'amour. On se reluque, on se frotte, on tente, on échoue, on recommence, la tension érotique est à son maximum. On essaie de rouler des pelles car on a abandonné celles qui servaient encore l'été précédent à construire un château avec la petite soeur. Récit d'été, mais énième récit d'adolescent mal dans sa peau mêlé à un suspens psychologique intense. 

L'ombre de Camus que l'on essaie de faire planer au-dessus de ce roman ? 

Parce qu'il y a un soleil de plomb, parce qu'il y a une mort reçue avec une certaine froideur par le jeune héros, parce que c'est un premier roman, "L'étranger" de Camus ( son premier roman) jaillit comme un lapin du chapeau du magicien. Or, si le chapeau est conseillé lors d'un épisode de canicule, il n'est pas certain que la référence à notre grand auteur  serve réellement ce roman. L'écriture, simple, aux phrases courtes (sujet/verbe/complément) peut évoquer le grand Albert qui en avait pas mal abusé lors de sa première incursion romanesque, mais l'intrigue, parsemée d'éléments peu vraisemblables, tirent plus ce petit roman vers une sorte de rêverie que vers le conte philosophique auquel aboutit " L'étranger". Il ne suffit pas de placer un héros tourmenté sous le soleil pour faire de la grande littérature. Ici, nous avons juste un premier roman, qui peut capter l'attention d'un lecteur qui passe sur les facilités d'une intrigue mal maîtrisée. Reste, la mer, la plage, le sexe... et quelques ados...Rien de neuf sous le soleil ! 

Je ne résiste pas... François Deguelt !








1 commentaire:

  1. Bien tentée par cette vague de chaleur...même aux accents "été meurtrier"...

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