jeudi 11 juin 2020

Marche blanche de Claire Castillon


Ca démarre un peu comme un thriller psychologique, mais le suspens n'est sans doute pas la principale qualité de ce roman. Certes, Claire Castillon essaie de maintenir une certaine pression sur le lecteur, l'invitant à l'interroger sur son héroïne, sur l'issue de son éprouvant calvaire suite à disparition non élucidée de sa petite fille dix années auparavant. Mais, très vite on perçoit assez bien ce que sera ( en partie) le final. 
Le réel intérêt de "Marche blanche" réside dans la faculté que possède l'auteure à épouser, ressentir au plus profond, les sentiments de cette femme, à recréer tout un espace psychologique particulièrement précis et nous donner à toucher une réalité brute. De petits faits particulièrement saillants à d'autres glissés comme en filigrane, l'intrigue s'épaissit de plus en plus au fur et à mesure que de déroule le récit. Mais petit à petit, ayant deviné le fin mot de la chose, le lecteur bascule, non pas dans l'ennui ( sauf si c'est un lecteur de suspens pur et dur qui flaire l'embrouille) mais dans les méandres d'un portrait de femme qui se révèle, pour peu que l'on y soit attentif, construit de façon réellement passionnante. 
Sans rien divulgacher, il est certain que l'on est quand même un peu déçu par la fin, surtout quand on la voit venir comme un car de la police lors d'une manifestation de thanatopracteurs réclamant une meilleure prise en charge de leur détresse face à la crise actuelle, mais on gardera de ce court roman, ce moment très déstabilisant passé dans la tête d'une femme slalomant entre les débris d'un cerveau démantibulé par la disparition de sa petite fille. 

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