vendredi 24 mai 2013

L'éternel de Joann Sfar


 Pas vraiment amateur d'histoires de vampires (sauce Twilight notamment), s'il n'y avait pas eu EntréeLivre, le site communautaire de lecteurs, je me serai épargné la lecture du soi-disant premier roman de Joann Sfar"L'éternel". Je dis soi-disant, car il me semble qu'il a déjà publié chez Denoël en 2004, deux tomes d'une suite  intitulée "L'homme arbre", n'en déplaise à l'éditeur qui annonce fièrement en quatrième de couverture cette fausse primeur.
"L'éternel", roman construit en deux parties, raconte les affres de Ionas, jeune homme mort dans une guerre en Russie et qui ressuscite vampire. On le suit à Odessa, au début du siècle dernier, traquant sa fiancée bien aimée que son frère Caïn (!) a épousé, puis aux Etats-Unis, de nos jours, où il décide de suivre une psychanalyse auprès de la veuve d'un chanteur de rock.
Joann Sfar, créateur multicasquettes, de la BD au cinéma en passant par une analyse de l'art à la radio, a du fumer la moquette et un tas de substances illicites, tout en regardant en boucle les clips de Mylène Farmer version Boutonnat auquel son livre me fait furieusement penser. Cela donne selon son humeur ou ses gouts, un roman déjanté et formidablement inventif ou un pavé gonflant et inintéressant. N'étant pas un fana de ses oeuvres BD, ni de son cinéma et beaucoup trop terre à terre (hélas) pour que les vampires me fassent rêver, j'ai donc versé du côté sombre : je me suis considérablement ennuyé à lire ce gloubiboulga sanguinolent. Et je peux vous dire que 455 pages de crimes, d'éventrations, d'émasculations, de mandragores, de religion, de carnages, de coïts bestiaux, de phrases ampoulées, de vampires sanguinaires ou dépressifs, c'est long, très long.
On peut bien sur admirer l'imagination foisonnante de l'auteur, seulement ici, elle tourne à vide. Je n'ai pas du tout vu où mène ce fatras de situations improbables et grotesques. Symbolique lourdingue parfois, rebondissements hystériques souvent, tout est outrancier, grand guignolesque et finalement totalement vain.
Je ne suis jamais entré dans ce livre, restant en retrait, résistant vaille que vaille à l'envie d'arrêter cette lecture pompeuse et assommante. Pourtant, un léger espoir s'est emparé de moi au début de la deuxième partie plus contemporaine. Un rien plus mordant (sans jeu de mot), des dialogues presque drôles, une vague critique assez bien vue de show-bizz ont failli réveiller mon attention. Mais, hélas, on est très vite retombé dans le grand bazar de la première partie, me laissant à l'arrivée épuisé et avec la désagréable impression d'avoir perdu mon temps.
Ni choquant malgré les nombreuses scènes de sexe et les litres de sang déversés, ni d'un quelconque intérêt psychanalytique, ni religieux, ni romanesque, " L'éternel" est un roman épate-chaland bien de son époque : clinquant, faussement virevoltant et surtout infiniment, totalement creux.
P S : des gens que j'aime bien et dont j'apprécie les avis ont vraiment été emballés par ce livre... J'ai dû loupé quelque chose.... Ah ça y est, je sais pourquoi il a failli me tomber des mains. Je l'ai lu en plein jours et en mangeant des plats relevés à l'ail... Quel idiot je suis !

Vous pouvez acheter ces aventures sanglantes sur le site de la librairie Decitre.



4 commentaires:

  1. J'ai adoré le côté déjanté, total foutraque.
    Les avis sont partagés sur ce livre, ce qui veut dire qu'il ne laisse personne indifférent.

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  2. Perso, je suis du même avis que la chronique principale ici. Il y a des idées intéressantes, mais l'ensemble est trop chaotique (et le style parfois vacillant) pour parvenir à vraiment happer le lecteur : http://www.vampirisme.com/livre/sfar-l-eternel/

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  3. Alors ça ! Je pense exactement comme vous, sur tous les plans ! J'aurais voulu avoir l'auteur en face pour lui dire le temps perdu à le lire (car lui a sans doute écrit son livre bien plus vite que je n'ai mis à le lire). Je rejoins une journaliste "Mais quel sens a donc cette figure du vampire en pleine tragédie ? Ici, aucun."

    Une grosse baudruche de gloubiboulga sanguinolant dont on voit bien les grosses ficelles (les cables !) enrobée dans du déjanté pour remplir un vide et l'impuissance de faire quelque chose avec une imagination, certes débridée et foutraque mais en total roue libre. Donc on s'ennuie éternellement mais l'auteur lui semble s'éclater...

    Par contre "l'homme arbre" ce sont des romans jeunesse donc effectivement 'l'eternel" est bien son premier roman.
    Camille

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  4. Je partage également votre avis. Je me suis ennuyée et je me suis essoufflée à le terminer (tout livre entamé...etc... etc...)
    http://www.christelle-pigere-legrand.com/l-eternel-joann-sfar.php

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