lundi 28 avril 2014

La nueve de Paco Roca


Un sacré pavé historique que ce nouveau roman graphique de l'espagnol Paco Roca ! 336 pages sur le récit de la reconversion forcée de républicains espagnols exilés, en soldats de la deuxième DB du maréchal Leclerc dans la division baptisée "La nueve" et qui sera la première à entrer dans Paris le 24 août 1944. Le général de Gaulle les a snobés, l'histoire les a gommés mais pourtant, les premiers libérateurs de notre capitale ce sont bien eux, cette poignée d'anti fascistes espagnols.
Formidablement documenté, le récit englobe cinq années d'errance composées de camps de travail vichystes, d'entraînement, de combats militaires ou idéologiques. Le courage, l'énergie du groupe d'hommes que l'auteur choisit de suivre sont de celles qui font l'étoffe des héros. Seulement, l'anonymat dans lequel les ont plongés un patriotisme français peu reconnaissant envers tous les étrangers qui se sont pourtant battus pour libérer notre pays, pousse Paco Roca à les mettre à l'honneur. En retrouvant un des derniers survivants de cette division et en intégrant dans le récit cette rencontre, l'album, qui n'aurait pu être que la narration classique d'un fait historique, devient soudain bien plus attachant. Cette alternance passé/présent, procédé connu mais toujours efficace quand il est utilisé à bon escient, permet de vivre cette épopée à hauteur d'hommes. Au récit complexe des années de combats, alterne la vie recluse d'un vieillard qui soudain accepte de se replonger dans un passé enfoui depuis bien longtemps mais toujours présent  dans les méandres de sa mémoire. Son quotidien, son amitié rude avec un jeune voisin, ses rapports bougons puis reconnaissants avec le jeune auteur qui l'interroge, sont le parfait contrepoint de la description historique minutieuse, non dénuée de détails personnels.
Le dessin de Paco Roca est clair, simple, réaliste mais duquel émane une grande tendresse malgré les chars d'assaut ou autre engins militaires. Je me suis laissé porter par cette histoire qui, dans sa dernière partie se révélera très émouvante.
Cet album est un très bel hommage à ces hommes qui ont donné leur vie à combattre un idéal anti-fasciste quelque soit le drapeau puis qui ont été grugés par les stratégies de quelques uns. Leur certitude de libérer, après la France, leur pays du joug de Franco n'a pu aboutir faute à l'époque qui avait plus peur d'un gouvernement communiste que d'un petit dictateur fasciste. Une sacrée leçon d'histoire présentée d'une façon simple, lisible et passionnante.


1 commentaire:

  1. Je suis en train de lire cette sublime BD et à chaque page que je tourne, je m'émerveille. Merci pour ta très belle chronique qui donne envie d'en parler autour de soi.

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