mardi 8 avril 2014

L'hexamètre de Quintilien d'Elisa Vix


"L'hexamètre de Quintilien" est un questionnaire employé par les journalistes pour cerner un événement. Qui ? Où ? Quoi ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? en sont les interrogations élémentaires. Je vais légèrement le détourner de sa fonction en l'utilisant pour vous parler de ce polar au titre étrange, paru chez "Rouergue noir".
QUI ? Cette question je l'applique à l'auteure, Elisa Vix. Je n'avais jamais rien lu d'elle malgré quelques polars déjà publiés et, pour certains, adaptés pour la télévision.
OU ? Le nouvel ouvrage d'Elisa Vix est planté dans un décor urbain, une petite résidence de quatre appartements, peut être en région parisienne ....mais, j'ai beau parcourir à nouveau le livre, j'avoue ne pas avoir enregistré ce détail (sans importance pour l'histoire).
QUOI ? Un horrible meurtre. Des éboueurs retrouvent par le plus grand des hasards un bébé de six mois dans un sac poubelle. Il a le visage atrocement déformé par des coups.
QUAND ? Un sale matin, sous le regard d'une jeune journaliste free lance recherchant à placer quelques articles pour renflouer son compte en banque et d'un médecin, veuf inconsolable, élevant seul un fils ado particulièrement ingrat.
COMMENT ? Yanis , le bébé de Leila, jeune mère célibataire, a été massacré avec un marteau, outil appartenant à Marco, un des habitants de l'immeuble, bogosse gérant un Apple store.
COMBIEN ? Difficile de répondre à cette question. Le nombre exact de coups de marteau n'est pas révélé mais, dans le roman, il n'y a qu'un meurtre.
POURQUOI ? C'est la grande question du livre. Lucie, la journaliste, va développer la thèse de la misère et de l'enfermement social dans un article qu'elle réussit à faire publier dans Libération et intitulé "Moi Lila K., infanticide. Cependant, la vérité est tout autre...
A cet hexamètre de Quintilien (c'est un pédagogue latin du premier siècle après J. C.), je rajoute la question du lecteur :
ALORS ? C'est comment ?
C'est agréable à lire bien que pas tout à fait noir. Gris dirai-je, car, après un départ plutôt glacial, l'enquête est vite expédiée et le roman prend des chemins de traverse, s'intéressant à la vie des personnages de l'immeuble, leurs rencontres, leurs échanges, leur vie. L'auteure les observe, nous dresse un petit portrait sympathique de gens s'adaptant à notre société de loisir et de plaisir, psychologise un peu pour mieux nous conduire insidieusement vers un coup de théâtre final.
Sélectionné comme finaliste pour le prix des maisons de la presse, "L'hexamètre de Quintilien" a tous les atouts pour l'emporter. Bien écrit, mais sans trop d'effets de manches stylistiques, un peu d'humour, des personnages attachants, flirtant quelque fois avec les clichés ( le veuf inconsolable au bord de craquer pour la jolie voisine, l'ado rebelle, le dragueur infâme, la flic moche et bourrue mais au grand coeur), on retrouve les ingrédients gagnants des précédents lauréats. Le récit est conçu comme un bon tourne-pages et ne faillit pas à sa tâche. Ce n'est pas le polar de l'année mais l'on passe un bon moment et c'est déjà ça comme disait Souchon...


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