lundi 14 avril 2014

Moderne Olympia de Catherine Meurisse


Chez Futuropolis on aime les partenariats avec les grands musées français. Après "Le chien qui louche" d'Etienne Davodeau en association avec le Louvre, voici "Moderne Olympia" de Catherine Meurisse patronné par le musée d'Orsay. Je vois bien le challenge qu'a du proposer l'éditeur à la créatrice du très réussi "Pont des Arts" chez Sarbacane : " Tu as carte blanche ma chérie, tu fais ce que tu veux, mais débrouille-toi pour que le max de tableaux du musée y figurent !"
Alors le cerveau créatif de Mme Meurisse a tourné à plein régime et en est sorti l'album le plus réjouissant de ce début d'année. Même chez Futuropolis ils n'en sont pas revenus puisqu'ils annoncent fièrement que c'est l'album plus drôle qu'ils n'aient jamais publié. Il va m'être difficile de dire le contraire. Visualisez Olympia, la créature dénudée peinte par Manet en 1863 et imaginez que c'est une starlette, une de ces nombreuses créatures qui souhaitent réussir dans la peinture, poser pour les plus grands peintres. Au départ, elle court le cachet faisant de la figuration dans un coin de tableau, comme cette porteuse de couscous dans "Le cheikh" de Chassériau, toujours dans l'ombre de Vénus, la star du moment, beauté insupportable mais vedette de toutes les toiles de l'époque. Mais un vent de nouveauté va souffler sur la peinture. Finis les tableaux grandioses reconstitués en intérieur, la mode est aux toiles peintes en extérieur comme "Impression, soleil levant" de Monet. Olympia tient-elle sa chance de passer au premier plan ? 
Sur un scénario décalqué sur "Chantons sous la pluie", assimilant la peinture de la fin du 19éme comme une sorte d'Hollywood des années 20 et dont l'arrivée de l'impressionnisme va bouleverser la donne, comme le parlant le fit avec le muet, Catherine Meurisse nous offre une histoire délirante et pourtant hautement pédagogique. Ou comment sous le couvert de l'absurde et avec un humour déjanté, nous raconter plusieurs décennies de peinture française. Et performance suprême, jamais fait en BD, son histoire est aussi une vraie comédie musicale, s'offrant le luxe de pasticher quelques moments cultes du cinéma chantant et dansant. ( avec cet élégant couplet : 
N'importe qu'elle actrice te le dira
Pour faire la une de Télérama
Sur ton CV souligne "forniqua".)
Bourré de gags (Ah le running gag avec le fifre !), irrévérencieux, avec un dessin qui fait songer parfois à Wolinski (et pas seulement parce qu'Olympia est nue de la première à la dernière page), "Moderne Olympia" est un album à la folie enthousiasmante, une oeuvre qui démontre que l'on peut apprendre des foules de choses en se gondolant de rire de page en page. Il m'a fait parfois penser à l'univers déjanté des meilleurs films de Bertrand Blier, celui qui s'amusait à démonter avec bonheur les codes des scénarios et de la narration. Sa lecture fut pour moi un bonheur total et devient mon premier coup de coeur BD de 2014 ! 






2 commentaires:

  1. Une BD qui fait rire et pédagogique ! Trop cool
    Merci pour la mise en avant
    Amicalement blog

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  2. Malheureusement, Olympia fait encore une jolie Courbet' à Vénus cet été en la laissant naître en première de couverture des Beaux-arts!

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