jeudi 23 mars 2017

Sage-femme de Martin Provost


Je tombe des nues. J'ai vu le dernier film du sympathique  Martin Provost en avant première, vierge de tout avis. Jamais je n'aurai pensé un tel déferlement de bonnes critiques ! Et du coup, me vient une interrogation. Comment un film aussi  banal, au scénario aussi mal fichu et à la réalisation platounette peut-il faire hurler de plaisir ? 
L'affiche est attrayante. La très bankable Catherine Frot ( elle est devant Deneuve sur l'affiche ) associée pour la première fois à l'autre grande Catherine, voilà un couple qui doit faire frémir les tiroirs caisses. Et puis, après le succès de " Médecin de campagne", prendre une autre profession médicale qui touche le coeur de public, ça c'est avoir du flair coco ! Ca tombe bien Martin Provost a été sauvé à la naissance par une sage-femme qui lui a donné son sang ( le film est dédié à cette personne), demandons-lui de nous trousser vite fait un scénario et roule ma poule! On prend les deux grandes comédiennes les plus aimées  par les lecteurs de Notre Temps, de Télérama et par les auditeurs de France Inter, et là mon vieux, c'est le yatch au prochain festival de Cannes. 
Ca c'est sur le papier. A l'arrivée, le cocktail préparé a le goût fade des histoires improbables autour de la énième  retrouvaille de deux femmes aux caractères antagonistes. L'une est coincée, rigide, seule, sérieuse et pas drôle (Frot qui fait du Frot dramatique) tandis que l'autre est jouisseuse, évaporée, joyeuse et bonne vivante ( Deneuve qui arrive à surnager ). L'histoire a l'âge du cinéma et n'offre ici aucune nouvelle idée. Rien dans le scénario n'est cohérent quant à la prétendue évolution du personnage de Catherine Frot, très monolithique pendant deux heures, pendant que face à elle, s'agite notre icône blonde en chemisier panthère, dans un rôle taillé d'une seule mais jolie pièce. Ca traîne en longueur et quand arrive la fin, c'est presque une délivrance. Certes, pour être raccord avec le titre, nous avons droit à quelques scènes d'accouchement qui sentent le réalisme et un très vague discours sur les usines à bébés qui se mettent de plus en plus en place, mais sans que cela soit réellement approfondi (en fait à la façon d'un entrefilet dans 20 minutes). Du coup, le regard et l'esprit gambergent un peu ailleurs. En voyant Deneuve sur un lit d'hôpital, on applaudit aux progrès de la médecine qui fait que dorénavant se faire opérer d'un cancer du cerveau devient un acte chirurgical bénin. On se dit que finalement Quentin Dolmaire a peut être une chance de pouvoir être autre chose qu'insupportable à l'écran comme chez Desplechin, mais que ce sera long. On coche une nouvelle case sur la liste des scènes cocasses qu'est amenée à jouer  Catherine Deneuve à l'écran. Ce mois-ci on rajoute la conduite d'un semi-remorque ! ( Là je sens que rien que pour ça, certains vont courir voir le film !). On regarde discrètement l'heure pour ne pas réveiller son voisin. On se demande si le film s'était intitulé " Maïeuticienne ", la critique, visiblement sous péridurale, se serait autant enthousiasmée façon vieille fille devant le bébé d'un lointain cousin ?  
Mais je m'égare. Le scénario, s'essayant en final à une pirouette elliptique, finit complétement par faire sombrer le film dans la platitude. Non, cette fois-ci, peu de choses à sauver de ce "Sage-femme" beaucoup trop sage malgré ses femmes célèbres. 




2 commentaires:

  1. Après un visionnage rapide de la bande annonce j'avais trouvé ça déjà...nullipare;-)Etonnée que vous soyez arrivé en siège dans une salle?

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  2. Auditeur de France Inter et abonné à Télérama depuis que je sais lire je n'avais aucune envie de voir un film dont la bande annonce dit tout de l'ennui prévisible. Merci de m'avoir fait économiser quelqu'euros.

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