lundi 19 août 2019

Perdrix de Erwan Le Duc

TROIS QUESTIONS QUE VOUS VOUS POSEZ PEUT -ETRE SUR : 


"Perdrix" renouvelle-t-il la comédie française ? 

Régulièrement les critiques nous dégotent une comédie française qui, "explose le genre" ou " secoue le cocotier d'un cinéma trop formaté". Une des dernières fois que l'on nous a enjoint de foncer rire à gorge déployée dans une salle projetant une pépite de la sorte, ce fut pour " En liberté" de Pierre Salvadori, loin d'être un mauvais film mais qui souffrait d'un déséquilibre entre les deux interprètes principaux, Adèle Haenel s'était vu offrir un rôle de faire-valoir ponctué de dialogues plats ( rappelez-vous le nombre de scènes où pour toute réplique elle devait lancer une " Oh putain!"). 
Dans "Perdrix", ce qui étonne et accroche, ce n'est pas tant la rencontre de deux êtres que tout sépare ( ressort mille fois labouré par les comédies du monde entier) mais l'écrin dans lequel évoluent les protagonistes de cette histoire, gentiment décalée, frisant parfois l'absurde, n'évitant jamais la réflexion philosophique au détours d'un dialogue et mixant la drôlerie avec une certaine tristesse contemporaine. 
De là à renouveler le genre... c'est vite dit. Il est quand même difficile d'innover en ce moment. Mais dans un contexte mollasson ( et mercantile) qui aime flatter les bas instincts, "Perdrix" peut être fier de sa prestation et se hisse sans difficulté nettement au-dessus de la production habituelle. 

Swann Arlaud confirme-t-il son statut de meilleur acteur acquis aux derniers césars ? 

Affirmatif ! Après son interprétation aussi remarquée que fébrile dans le dernier Ozon ( "Grâce à Dieu"), ici, en gendarme calme et vaguement neurasthénique, il impose un peu plus sa silhouette de plus en plus attachante qui risque de devenir bientôt indispensable au cinéma français. Mais sa prestation ne serait peut être pas aussi convaincante s'il n'était pas entouré d'une brillante distribution où pétille Maud Wyler, faite pour la comédie et la répartie, mais aussi des seconds rôles impeccables ( car pas oubliés par un scénario généreux). Citons Fanny Ardant ( qui semble pour son âge avoir une belle foulée dans le cimetière ...mais le générique annonce une doublure...et comme cette course est sa seule cascade...), Nicolas Maury, impressionnant en passionné des vers de terre et Alexandre Steiger, totalement bluffant en policier lunaire. 

Erwan Le Duc devient-il un réalisateur à suivre ? 

Quand dans un premier film, on est capable de mélanger dialogues percutants, tristesse existentielle et naturistes révolutionnaires, on peut dire que ce garçon là possède un brin de folie et certainement un bel univers. Certes, "Perdrix" souffre de quelques longueurs, d'une envie de trop bien faire qui peut lui donner parfois un petit côté appliqué, mais qu'est-ce qu' c'est rafraîchissant et rassurant de voir une comédie romantique française qui ose sortir des sentiers battus, avec de bons dialogues et sans aucune vulgarité ( mais, oui, malgré la présence de naturistes, jamais ridicules, ni utilisés de façon égrillarde ou coquine). Pour tout cela et plein d'autres choses à découvrir dans ce film, on surveillera avec intérêt Erwan Le Duc ! 

 




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