mercredi 21 septembre 2022

Les Enfants des autres de Rebecca Zlotowski


 " -Spectatrices-teurs, dégagez-vous de devant Netflix ou autres plateformes et filez-moi vite fait au cinéma !" nous intime toute la presse ciné et culturelle du moment. On ne peut pas lui donner tort tant l'offre sur nos écrans est diablement intéressante et stimulante ( "Revoir Paris", " Chronique d'une liaison passagère", .... entre autres). Cependant on peut s'interroger sur cette déferlante d'articles et d'interviews pour le cinquième film de Rebecca Zlotowski même si on peut dire, c'est vrai, que c'est son meilleur .... Mais comme on partait de très bas, il n'en reste pas moins raté. 

Dézoomons un peu et regardons plus en détail. Rebecca Zlotowski en 3 films ' " Belle Epine", "Grand Central", "Planétarium", devient une figure incontournable du cinéma français malgré le succès plus que relatif de ses oeuvres. On la voit partout. A la télé dès que pointe un vague débat sur le cinéma en général et l'avenir du cinéma français ou en salle ou face aux plateformes en particulier mais aussi dans de multiples festivals où la réalisatrice intervient. Reconnaissons- lui un grand talent d'oratrice, car, c'est certain, elle connaît son sujet, est passionnante à l'oral, voire talentueuse. Donc dans son milieu, elle s'est taillée une place de choix, on l'aime et on le lui rend bien puisque la voilà à tous les coins de pages de la presse depuis maintenant 10 jours, surtout, qu'enfin, elle a tourné un film potentiellement vendeur, vendable, attirant. 

Avec un sujet plus universel sur le désir d'enfant voire le coeur aimant d'une belle-mère face à la progéniture d'un nouveau partenaire, Rebecca Zlotowski tenait là une idée pas vraiment traitée au cinéma ( même si, convenons-en, on s'approche d'un récit psychologisant  façon "moi lectrice" du magazine ELLE.) et, cerise sur le gâteau, en haut de l'affiche, Virginie Efira, actrice formidable qui possède ce talent inné d'être dès le premier plan en empathie avec les spectateurs. ( plus deux acteurs aimés comme Chiara Mastroianni et Roschdy Zem).

Il paraîtrait, selon ses nombreux propos relevés ici ou là, que la réalisatrice ait voulu éliminer tous les clichés du genre, intention évidemment louable mais qui du coup ici, sont déplacés sur les personnages ( très) secondaires, taillés à la louche comme la mère cancéreuse, la soeur enceinte, ... rendant son film banal et par ricochet son héroïne sans presque aucun enjeu émotionnel car sans nuances. Rachel ( Virginie Efira) est une femme qui aime, tout le temps, tout le monde. ( A se demander d'ailleurs comment une femme aussi attirante et exceptionnelle n'arrive pas à avoir une vie comblée, mais, c'est bien connu, on n'a jamais tout ce que l'on veut dans la vie). Avec cette absence de réels enjeux dramatiques, l'indifférence va croissant au fil des minutes. Heureusement que Virginie Efira est là. A elle toute seule, elle peut presque sauver un film ( sauf  "Don Juan " de Serge Bozon qui mettait la barre trop bas ( ou trop trop intello) et y parvient ici car la caméra de Rebecca Zlotowski semble complètement amoureuse de son actrice. Cette dernière le lui rend bien. On perçoit dans le moindre regard, geste, une intensité émotionnelle que le scénario, les dialogues n'ont pourtant pas. Autour, les autres acteurs jouent les utilités et notamment Roschdy Zem, certes en quête de cassage de virilité à l'écran, qui semble se demander ce qu'il fait là avec cette môme de 5 ans et une femme aussi belle et aimante. Si l'on rajoute quelques clins d'oeil assez appuyé à des cinéastes ( spécialiste oblige) comme Truffaut ou Sautet et cette envie de voir un peu sa propre  famille à l'écran, on finit par s'interroger. Ce film  a-t-il été vraiment pensé  pour les spectateurs ? Est-ce une sorte de thérapie personnelle ? Et soudain, on se met à penser à un autre film, sorti il y a deux semaines, dont le sujet était également personnel à la réalisatrice, également avec Virginie Efira, celui d'Alice Winocour "Revoir Paris" , dans lequel on retrouvait la même envie de sortir des clichés tout en élargissant l'histoire avec des sous intrigues pointant le mal être de nos sociétés. Celui-ci était passionnant de bout en bout, franchement réussi. On a beaucoup moins vu et entendu Alice Winocour, alors qu'au final, c'est Winocour 1 Zlotowski 0




1 commentaire:

  1. Parfaitement d'accord avec vous (comme souvent avec vos posts que je lis régulièrement avec plaisir). Vu en avant-première. Ennui devant tant d'autosatisfaction ennuyeuse et poseuse. J'aime bien Efira, mais là ça ne suffit pas, tout est ectoplasmique (à commencer par Chiara M., vitreuse à souhait). Et il faut m'expliquer pourquoi, sinon à titre de révérence coquette et vaine, le film est illustré par la bande-son de L'enfant sauvage. Et puis les profs au cinéma... qui passent tout le temps des films à leurs élèves des quartiers, genre Les Liaisons dangereuses de Vadim coupé n'importe comment... à peine plus crédible que Karin Viard en prof de lettres filmée par les frères Foenkinos. Bref, TRES agaçant.

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