Je l’avoue, je me suis plongé dans le nouveau roman de Monica Sabolo sans grande envie, deux précédents ( “Crans Montana” et “Summer”) m’avaient laissé une impression mitigée, un mélange d’écriture élégante mais un peu brumeuse autour de sujets que l'autrice n'osait pas réellement abordés, laissant poindre chaque fois, à force de suggérer les choses, comme un sentiment d'inachevé.
Dès les premières lignes, on sent qu’il s’est passé quelque chose dans l’écriture de Monica Sabolo, tant l’ampleur du style, l’intelligence du récit nous happe instantanément. Assurément, la presse a raison, c’est l’un des très bon livres de cette rentrée. On entre dans son intimité et dans son mal être sans que ce soit ni pleurnichard, ni maniéré, ni voyeur. Oui, Monica, qui est l'héroïne de son ... roman(?), ne va pas bien du tout. Elle n'a pas d'idée pour son futur roman que lui réclame son éditeur. Alors, elle traîne sur internet, nouveau palliatif pour mal être contemporain. De site de ventes d'animaux empaillés en sites d'infos, elle finit par tomber sur un article autour des Brigades Rouges. Brigades Rouges, Italie, pays de naissance, qui est mon père, silence de famille, et si, et si mon histoire avait quelques rapports avec ça ?
Là, on commence à tiquer un peu...Encore un roman où la grande Histoire va cotoyer la plus petite, la personnelle. C'est un filon, bientôt un genre... Donc en route pour cette promesse... qui au final ne sera pas tenue car, très vite Monica Sabolo va passer des Brigades Rouges à sa cousine française Action Directe ( mais si rappelez-vous, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron, Jean-Marc Rouillan, ...). Et là, cela va tourner à la fascination. Nous saurons tout, tout ou presque ( parce que pas mal de protagonistes et de faits de ce groupe seront passés sous silence). Elle va mener une sorte de traque qui la mènera auprès de certains membres encore vivants. Cette évocation sensible mais relevant autant du challenge personnel (pour se prouver quoi ? ) que du documentaire peut tout à fait passionner un lecteur lambda mais le rebuter aussi tant l'écriture va aller s'intéresser à des détails. Ce que l'on retiendra toutefois de ce récit, c'est la position ( courageuse ) de l'autrice face à ce groupe classé comme terroriste. Elle s'emploie à révéler toutes les zones grises qui affleurent, et bien qu'ils aient commis braquages, attentats, assassinats au nom d'une lutte contre le capitalisme, ne condamne pas cet idéalisme violent ( le capitalisme et l'ultra libéralisme qui en résulte n'est-il pas plus violent et meurtrier à sa façon?) en brossant des portraits tout en finesse et en profondeur de ces êtres de chair et de sang.
Mais alors, quel lien avec le passé de l'autrice ? Pas grand chose en fait malgré ses dires. Certes, elle revient sur des lieux déjà évoqués dans certains de ses précédents romans, révèle au détour d'une page, entre deux assassinats d'un groupe terroriste que son ( beau) père l'a violée ( chose dont on flaire trop l'annonce). Elle a beau affirmer que cela a un lien direct avec ses recherches sur les groupes terroristes, difficile de voir lequel. Reste un roman magnifiquement écrit qui, même s'il ne tient pas ses promesses et se révèle un peu bancal dans son résultat, passionnera les amateurs d'histoire récente et sans doute moins les lecteurs qui étaient habitués à ses atmosphères un peu éthérées et psychologisantes ( mais y trouveront un questionnement genre vérité ou véracité? ... qui pourrait les intéresser).
C’est quand même un poil tiré par les cheveux mais surtout le roman ne tient pas tout à fait ses promesses. Reste toutefois, une écriture impeccable, de beaux moments philosophico/introspectifs et, pour ceux que ça intéresse, une très précise et peu banale remise au jour de l’histoire d’Action Directe mettant en avant beaucoup plus de zones grises que de blanches et noires.
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