Avec un titre pareil, évoquant pour les ados des années 80, un des tubes de Lio "Amoureux solitaires", on pourrait s'attendre à un livre sautillant. Si la divorce et la question "Qu'est-ce qu'on fait des enfants ?" vous paraît hilarante, alors vous sourirez peut être à la lecture du premier roman de Carole Fives , mais j'en doute, car le propos est ici fort sombre.
Le texte s'articule entre trois personnages : Le père, la mère et la fille aînée. Le témoignage du petit frère quant à lui, bien qu'évoqué longuement, n'apparaîtra qu'à la fin du livre. D'une histoire à l'heure actuelle banalisée par le peu de longévité des couples, Carole Fives, en la plaçant au début des années quatre-vingts, lui redonne un sens plus tragique et moins confortable (mais peut-on parler de divorce de confort ?). Le récit nous donne à entendre tous les regrets, toutes les résignations, toutes les souffrances que le divorce a occasionné. Tout à tour, chacun des protagonistes nous parle et derrière les mots se terre la blessure à jamais refermée de ce drame ordinaire. Le père, tiraillé entre sa vie et le bonheur de ses enfants, la mère, tombant dans la folie en grande partie à cause d'un manque d'amour de ses parents et la grande soeur, dévorée par le remord d'avoir cédé aux injonctions d'une mère malade pour sacrifier l'enfance de son jeune frère, forment un tableau particulièrement touchant.
Carole Fives a su trouver les mots justes pour traduire toutes ces souffrances, permettant aussi au lecteur de glisser ses propres sentiments dans les interstices d'un récit jamais appuyé et aux accents de vérité.
Remarquablement construit et écrit, "Que nos vies aient l'air d'un film parfait" impressionne par la sensation de gâchis qu'il fait naître au fur et à mesure de la lecture, sans jamais sombrer dans le manichéisme ni le parti-pris.
Pour moi, c'est une très belle entrée dans l'univers du roman d'une auteure qui vient également de publier un album jeunesse fort réussi. Avec Dorothée de Monfreid à l'illustration, "Dans les jupes de maman" (aux éditions Sarbacane) saura séduire tous les enfants à partir de 5 ans par son humour un peu décalé. Coup double pour Carole Fives qu'il va falloir suivre de très près !
Et pour les amateurs de nostalgie ou pour les curieux, voici la chanson "Papa pingouin" interprétée par Sophie et Magalie lors du grand prix Eurovision de la chanson en 1980, représentant le Luxembourg et classée neuvième à l'issue du concours. Ceux qui n'ont pas lu le livre de Carole Fives ne peuvent pas comprendre la présence de ce clip ici, mais sachez que les paroles de cette chansonnette prennent un relief tout particulier lorsqu'elles apparaissent de ci de là, au détours d'un paragraphe, preuve que les paroles d'une chanson apparemment simpliste peuvent résonner étrangement. Ecoutez la chanson. Vous avez huit ans, votre père décide de quitter sa femme votre mère...
J'ai repéré ce livre sur plusieurs blogs et j'ai bien envie de le lire même si le sujet n'est pas très joyeux.
RépondreSupprimerJe pense que tu ne le regretteras pas....
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