samedi 8 février 2014

C'est le métier qui rentre de Sylvie Testud



Ce n'est certainement pas LE livre de l'année mais j'ai passé un agréable moment à la lecture du dernier roman de Sylvie Testud. 
Sybille, faisant partie des comédiennes qui comptent et qui ont donc un nom dans le métier, écrit le scénario de son deuxième film en tant que réalisatrice. N'ayant pas eu encore l'idée de penser à son financement, et comme tout se sait dans ce milieu très fermé du cinéma, un couple de producteurs s'engage, quasi avant lecture, de produire son film. En deux temps,  trois mouvements, la voilà poings et pieds liés à ce frère et cette soeur que tout le monde déteste. Répondant au doux nom de Ceaucescou et surnommés les Thénardier du cinéma, ils vont pressuriser notre pauvre comédienne, lui faire avaler maintes couleuvres, lui promettre tout et son contraire... 
Bonne comédienne, romancière honorable, réalisatrice devant faire ses preuves ( La vie d'une autre, en 2012, son seul film en tant que réalisatrice est quand même loin d'être un chef d'oeuvre), Sylvie Testud touche un peu à tout (mais comment fait-elle ? ) et arrive à insuffler son énergie dans ce petit roman idéal pour un trajet en train. Avec des phrases courtes, simples, elle arrive à rendre son histoire haletante. On suit le rythme effréné de l'héroïne complètement absorbée par son projet de film et luttant pour que sa vie personnelle ne bascule pas dans un enfer domestique pourtant pas loin. Un peu caustique, non dénué d'humour, son roman se lit d'une traite. On est très vite dans la peau d'une comédienne célèbre et on compatit au trouble que laisse infuser ses producteurs, véritables personnages, hauts en couleurs et totalement déjantés. Sylvie Testud décrit d'une plume alerte ce monde qu'elle connait évidemment très bien. Le lecteur que j'ai été, a été heureux de pénétrer dans les coulisses de la préparation d'un film, tout en restant persuadé que la réalité doit être bien pire que ce qui est décrit ici. Et même si l'on s'en doutait un peu, on a la démonstration que dans le cinéma beaucoup de choses sont loin d'être artistiques et que souvent l'art s'efface complètement derrière l'industrie, donc l'argent. Quand en plus viennent se greffer des tempéraments proches de la dinguerie, on n'est plus du tout étonné que, devant la projection de certains films, on puisse se dire  : mais qui a pu donner son fric ou convaincre des financiers à miser un kopeck sur un tel navet? Le monde du cinéma est un sacré vivier de personnages de fiction. Sylvie Testud s'en est emparé avec humour et nous offre un bon moment, bien meilleur en tout cas que la vision de son film " la vie d'une autre" qui, en y repensant, semble peut être avoir souffert de quelques uns des aléas décrits dans le roman. 
Roman agréable donc, facile à lire, pour les amateurs de comédies rythmées et les amoureux du cinéma, qui continue à nous rendre Sylvie Testud toujours un peu plus sympathique.

3 commentaires:

  1. Je trouve Sylvie Testud très attachante.
    J'ai beaucoup aimé son interprétation de Sagan.
    Il me reste à découvrir l'écrivain.

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  2. Très sincèrement j'ai beaucoup aimé les deux premiers romans de Testud, elle a une plume et un style (gracile surement mais c'est aussi une qualité pour un auteur). C'est quand même vraiment rare.
    yann

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  3. Je ne vais pas au cinéma, mais Sylvie Testud a une petite bouille bien sympathique. J'ai lu avec plaisir son premier roman

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