jeudi 2 octobre 2014

Still the water de Naomi Kawaze



La nature objet de joie et de partage, de vie, de mort, l'amour naissant de deux adolescents, autant de thèmes forts développés par Naomi Kawaze qui avaient tout pour me passionner. Hélas, une sensation d'ennui  m'a peu à peu gagné, s'amplifiant au fil des minutes pour trouver son point d'orgue dans une terrible dernière demi-heure...
Le film commence par un plan assez similaire au "Léviathan " d'Andreï Zviaguintsev vu la semaine dernière, également en compétition à Cannes : la mer roulant ses vagues écumantes sur quelques rochers sombres. Deux plans similaires à la symbolique évidente : attention, vous allez voir  ce que vous allez, l'histoire qu'on va vous raconter n'est pas drôle ! (Et d'ailleurs, ces deux films auront un autre plan tout aussi symbolique et tout aussi similaire :  une pelleteuse abattra longuement qui la maison du héros dans le film russe, qui le banian si beau dans le film japonais. Comme quoi, on n'est pas trompé sur la marchandise, ce ne sont pas des vaudevilles .)
Donc la mer, élément omniprésent durant tout le film, sera suivi par le plan d'un vieil homme égorgeant une chèvre. La caméra se mettra à trembloter légèrement devant cet acte barbare mais naturel. Je tiens à préciser, que ce léger tremblement se reproduira très souvent dans le film. Dès que la nature est sensée donner de l'émotion ou dès que la situation est dramatique, l'image devient "parkinsonnienne". Vraisemblablement voulu afin de faire partager l'émotion à fleur de peau de Naomi Kawaze, cet artifice de mise en scène m'a agacé. Deux feuilles bruissent dans un arbre, et hop la réalisatrice tremble d'émotion devant la beauté de la nature. La mère meurt, enfin non, rejoint ses ancêtres la joie au coeur, nuance, hop je tremble évidemment... Et comme tout est émotion dans le film, ne vous inquiétez pas, ce n'est pas un mauvais réglage, c'est l'émotion, l'extase qui agit et qui frissonne ...
Donc la mer, parce que l'on est sur une île, qui sera le théâtre d'un fait divers sordide.Un adolescent trouvera le cadavre nu d'un homme tatoué. Il lui servira de révélateur de sa propre vie. Ne serait-ce pas un amant de mère ? Un tatouage réalisé par son père vivant à Tokyo ? Entre deux borborygmes bien de son âge et malgré son air buté et sa conversation réduite, il séduira une jeune fille, bien sous tout rapport, mais dont la mère, chamane, est mourante. Après avoir égorgé une nouvelle chèvre avec le papy Tortue ( c'est son surnom) et assisté au trépas de la mère de sa copine, le moment n'est pas bien choisi pour connaître un amour physique total. Pourtant, aidés sans doute par la nature luxuriante qui les entoure, et par tous ces frissons réels mais induits sans doute par la caméra tremblant sous le typhon qui s'abat sur l'île, les deux jeunes gens goûteront aux plaisirs de la chair.
Très contemplatif, s'attachant au moindre frémissement visible et surement invisible, le film est d'une beauté formelle sans équivoque mais d'une lenteur redoutable. Il aurait sans doute gagné à être raccourci un petit peu, afin d'éviter quelques lourdeurs trop démonstratives. Je ne suis pas du tout porté sur l'ésotérisme et cette version light proposée ici, même filmée avec émotion m'a plus plongé dans un bain d'ennui que dans un état second. Mais si une ode à la nature divine et puissante , pourvoyeuse de vie et de mort dans un film empreint d'un esprit chamanique vous tente, courez-y... vous y tremblerez de bonheur !



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