Oui j'ai été déçu par ce nouvel opus de Jia Zhang Ke qui n'a absolument pas l'énergie ni la force de ses précédents films et notamment du magnifique "A touch of sin" sorti voici deux ans. Très loin de la force narrative de ce dernier, "Au-delà des montagnes" est une sorte de mélo en trois parties. Comme s'il voulait être raccord avec ce genre populaire et sans doute vouloir s'adresser à un public plus large, il a considérablement simplifié son cinéma, notamment en donnant à son scénario un symbolisme un poil lourdingue.
En voulant faire le portrait de la Chine d'hier, d'aujourd'hui et de demain, il opte pour une histoire d'amour assez banale (et dialoguée à la truelle). La belle Tao est aimée par deux hommes : l'un est ouvrier, l'autre un chef d'entreprise aux dents très longues. Comme l'héroïne est la métaphore de la Chine en 1999, elle choisira le capitaliste. S'ensuivra un enfant prénommé divinement Dollar, puis un divorce, Dollar restera bien entendu auprès de son père...
L'histoire est filmée en trois parties et en trois formats différents. Si la dernière partie m'a semblé plus convaincante au niveau de la mise en scène (L'Australie a visiblement inspiré le réalisateur qui signe des plans lumineux ), je suis ressorti de la salle avec le sentiment d'un film un peu bancal, plein de bonnes intentions c'est certain, mais aux coutures un peu trop voyantes. Je ne suis pas certain que Jia Zhang Ke soit fait pour le mélodrame et ne deviendra nullement le Douglas Sirk chinois. A adoucir son cinéma, il perd ce qui faisait lesel de ses productions ; l'image sans concession de la Chine d'aujourd'hui ( et du coup, on peut penser qu'il a fait des concessions puisque c'est son premier film à être distribué dans son pays !) On notera toutefois qu'il aime toujours filmer ses acteurs sur des balcons et que cela donne toujours de très jolis plans. Et puis, il faut quand même le dire, il y a dans " Au-delà des montagnes" un dernier plan absolument extraordinaire, surement le plus beau et le plus émouvant que l'on ait vu cette année. Rien que pour cela, mais aussi pour le film qui, malgré quelques réserves, reste toutefois largement au-dessus du panier des films proposés à notre porte-monnaie, aller faire un tour du côté chez Zhang reste une belle sortie.
Et je résiste pas au plaisir de vous mettre le tube revisité par le réalisateur chinois qui prend soudain une toute autre signification. (à vous d'aller voir comment)
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