vendredi 2 mars 2018

Call Me By Your Name de Luca Guadagnino


Je viens de lire dans un magazine ( ELLE... pour ne pas le nommer) qui glosait sur Thimothée Chalamet, l'acteur principal de "Call me by your name" , qu'il avait eu la chance de tourner dans un chef d'œuvre... terme qui, si l'on en croit les tresses de louanges qui accompagnent cette semaine la sortie du film, qualifie la dernière œuvrette de Luca Guadagnino ( dont les deux précédentes, "Amore" et " A bigger splash"  se classaient dans les séries B ratées de luxe).
On va se calmer deux secondes et regarder un peu le film pour ce qu'il est : une bluette ratée qui évite pudiquement la plupart des sujets intéressants du roman duquel il est adapté.
Un bel été, en Lombardie, arrive dans une propriété cossue, une voiture. De la fenêtre de sa chambre du premier étage, Elio, 17 ans, accompagné d'une copine, regarde en descendre Oliver, bel américain propre sur lui. Il va passer l'été dans la famille. Donc, il sera en short, chemise ouverte ou torse nu. Mazette ! Il est aussi beau que les statues grecques dont semblent raffoler le père de famille ( prof forcément érudit et sans doute troublé par ces nudités parfaites). Elio fera du vélo avec Oliver, bronzera à côté de lui autour de la piscine familiale, flirtera avec Marzia,  jusqu'à ce que lors d'une sortie à la campagne, Elio embrasse Oliver... Ensuite, il s'aimeront d'une amitié totale ...
Non, il n'y a pas plus au niveau histoire ! Le film est sensé, dans ce canevas, nous montrer l'émoi grandissant d'un adolescent pour un autre homme de sept ans son aîné, sauf qu'à l'écran, il n'y a rien. Pendant une heure, on voit Thimothée Chalamet, la mine boudeuse et dont le principal talent dans le film est d'avoir appris trente secondes d'un morceau de Haydn au piano et surtout d'avoir 21 ans et d'en paraître 16, traîner aux basques du beau Armie Hammer, sans que jamais on ne sente la plus petite attirance.  Pour le bouillonnement des hormones et la tension sensuelle on repassera. Le réalisateur s'emploie pourtant à filmer des bouches de poisson comme des sexes, de l'eau qui jaillit ou qui frémit, des fruits mûrs et savoureux mais rien n'y fait. Même les corps dénudés posés et alanguis au bord de l'eau ont l'érotisme d'un dépliant touristique pour un séjour dans un gîte italien.
Puis arrive la scène du baiser  ( plutôt réussie et bien vue) et on se dit que le film va enfin démarrer et nous plonger dans cette annoncée passion pleine de sexe sans doute... Encore raté ! Oui, ils vont s'aimer à priori ... mais à l'américaine. Le film a beau se passer en Italie, filmé par un italien mais, attention coproduit par un studio US et ça se voit ! On a droit à tous les clichés habituels. Lors de la scène qui va unir les corps, la caméra, vraiment peu inspirée, s'écarte du lit où les deux hommes s'étreignent ( peut être ), pour filmer la décoration posée sur la table de nuit et finir sur une fenêtre symboliquement ouverte sur la nature alors que la bande son nous donne à entendre un très léger gémissement. Je sais bien qu'il vaut mieux suggérer les choses, mais là, on ne peut pas s'empêcher de penser à une séquence célèbre de  OSS 117, l'humour en moins mais la pruderie en plus... que l'on retrouvera notamment dans la désormais célèbre séquence de la pêche... Oui dans " Le dernier tango à Paris"  y'avait la scène du beurre et donc dans "Call me by your name"  il y aura une pêche... sauf qu'ici elle est à la fois un poil ridicule et surtout vidée de son sens véritable. Dans le roman, la pêche dans laquelle s'est masturbé Elio, finit dégustée par Oliver, ce que le film se  garde bien de montrer, enlevant tout le côté, et transgressif aux yeux du jeune héros, et surtout passionnel de l'histoire. C'est donc dans une sorte d'amitié sensuelle peu convaincante que nous sommes conviés. Même si le discours final avec le père, ouvre enfin le film vers quelque chose de plus profond et d'un peu plus subversif que la banale histoire d'amour entre deux hommes, l'ensemble se conclut par une dernière scène kitchissime et moche ( mais qui a coiffé et attifé Thimothée Chalamet ainsi ?!!).
Malgré l'apport du très cinéphilique de James Ivory au scénario, 90 ans au compteur, et dont le meilleur de sa très gracieuse filmographie date quand même de 30 ans, sans doute mis aussi en avant pour essayer de donner du lustre à l'ensemble, le film, trop sage, n'ose jamais aller là où ça pourrait grattouiller un peu, se contentant de livrer une sorte de roman-photo ( genre très italien au demeurant) bien plat mais qui convient bien à une cérémonie des Oscars aseptisée.





2 commentaires:

  1. ce qui est raté c'est justement votre critique sans nuances... mais bon tout le monde n'apprécie évidemment
    pas la mélancolie Viscontienne...

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  2. J'aurai aimé aimer ce film là... mais on voit trop les coutures d'une fabrication formatée. Evidemment, il peut avoir des résonances chez beaucoup de spectateur(trice)s, car la joliesse de l'ensemble est agréable. Quant à la mélancolie Viscontienne, on pouvait en trouver trace dans le roman, mais dans le film...j'en doute...

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