mercredi 29 mai 2019

Dunbar et ses filles de Edward St Aubyn


Que serait la littérature contemporaine sans William Shakespeare ? Moins prolifique sans doute si l'on en juge par l'avalanche de romans ( souvent anglo-saxons) inspirés ce maître incontournable et qui apparaissent régulièrement sur les tables des libraires.  On reprend la trame de "La tempête"  (ou sert de toile de fond) chez Craig Higginson et plus récemment chez  Margaret Atwood., "Conte d'hiver" a titillé l'imagination de Jeanette Winterson, Tracy Chevalier revisite " Othello"  ( "Le nouveau") et "Macbeth", grâce à Jo Nesbo, entre dans la  Série Noire. La liste, non exhaustive, s'allonge au fil des mois et Edward St Aubyn lui ajoute désormais cette nouvelle version du "Roi Lear" , intitulée plus sobrement " Dunbar et ses filles". 
Rassurez-vous, l'auteur a élagué la double intrigue de la pièce originale, ne gardant que les histoires d'héritage du vieux roi commençant à dérailler. Nous ne sommes plus à la cour d'Angleterre mais dans les coulisses d'un empereur des médias, Dunbar, plus aux goûts du jour. Il a déshérité sa fille cadette issue d'un second mariage ( nous sommes aux US, on peut... si vous suivez l'affaire Hallyday vous êtes au courant) et laissé sa fortune et sa multinationale à ses deux filles aînées, aussi perfides, que méchantes. Seulement ces deux là, âpres au gain, en veulent plus et fomentent un coup lucratif pour que leurs actions fassent un bond en bourse. Elles décident de faire enfermer leur père dans une clinique psychiatrique ( haut de gamme). Celui-ci, encore lucide mais atteint par moment de bouffées délirantes, s'enfuira et errera dans la campagne enneigée du nord de la Grande Bretagne ( comme dans la pièce ou à peu près). S'ensuivra une course entre les deux soeurs avides et la troisième pour mettre la main sur ce père, avec pour ligne de mire, récupérer les rênes de l'empire ( financier).
Très vite ou oublie Shakespeare, voire on ne remarque pas l'adaptation, et on se laisse porter par le récit à l'humour cinglant. On pense d 'ailleurs plus à Tom Sharpe ou à Joseph Connoly qu'au grand dramaturge anglais. Et même si la lecture est parfois ralentie par les passages un peu longuets des délires de Dunbar errant dans la neige et la campagne ( Roi Lear oblige), même si parfois les arcanes d'une O.P.A. et les montages boursiers nous perdent un peu, l'ensemble se lit agréablement et nous fait passer un bon moment. Edward St Aubyn tape sur les très riches ( facile dira-t-on), leurs moeurs, leur vie hors sol mais avec une façon très anglaise et chic de  broder élégamment des phrases où percent perfidie et ironie ( bravo à la traduction de David Fauquemberg).




1 commentaire:

  1. Je ne l'ai pas trouvé sur le site de la bib et mes achats de juin sont déjà bouclés, alors, je p asse

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