lundi 30 septembre 2019

La clé USB de Jean-Philippe Toussaint



Roman chez Minuit, critiques éblouis !

Les éditions de Minuit, sans conteste, publient des textes de qualité et règnent sur un cheptel d'auteurs qui brillent au firmament des lettres françaises, hier Duras, Rouault, aujourd'hui encore et toujours Echenoz, Chevillard, ... et Jean-Philippe Toussaint fidèles parmi les fidèles. Autant dire que chaque fois qu'un poulain Minuit ( ou une jeune pouliche, Julia Deck cette rentrée) publie un roman, on est certain qu'il sera encadré par les éloges d'une critique au bord de la pâmoison. Esprit de corps ? Envie de faire partie de l'écurie? Reconnaissance connivente du bon goût supposé de cette vénérable maison ? Parfois, il faut le reconnaître, les critiques font preuve d'aveuglement,  comme la rentrée dernière pour le bien banal roman de Pauline Delabroy-Allard et cette année pour cette nouvelle parution de Jean-Philippe Toussaint qui, si on en croit ce que l'on lit et l'on entend, s'approche quand même du chef d'oeuvre de la décennie ! ( Mais, un chef d'oeuvre chassant l'autre, Modiano arriva...)

Les bitcoins sont sexys !

"Formidââââble ! Jean-Philippe T a réussi à rendre les bitcoins ( cette monnaie virtuelle) totalement romanesques". Ca, c'est que l'on a beaucoup entendu, mais qui à la lecture s'avère quand même plus aléatoire. Reconnaissons à l'auteur de placer son intrigue dans un milieu original, la CEE, ses prospectives ( le personnage principal s'y emploie), ses lobbyistes, ses opportunités à aller étaler son savoir-faire dans le monde ( et dans des endroits plutôt plaisants, le Japon plutôt que la Sibérie). Reconnaissons-lui aussi l'envie d'essayer de vulgariser des notions numériques aussi obscures que le bitcoin et les machines à miner qui, si j'ai bien compris, tournent à haute cadence jour et nuit pour les fabriquer. Je dis "essayer", car, malgré une écriture inspirée et ciselée, jamais on ne parvient à vraiment comprendre comment tout cela fonctionne . Mais tout cela n'est qu'une petite partie de ce roman, car le thème principal ressemble quand même à un roman d'espionnage à base de clé USB et de vente d'ordinateurs chinois vérolés passant par la Bulgarie. Là, encore, on peine à se passionner car en plus d'un héros fadasse comme une notice de scanner, les pseudos rebondissements laissent perplexes ( une main vole un ordinateur dans des toilettes ) et la partie aventure ( en hommage sans doute à Tintin, belge comme l'auteur et le narrateur) reste totalement improbable sauf si pénétrer de nuit dans une usine chinoise d'ordinateurs est aussi simple que d'entrer chez l'épicier asiatique du coin de sa rue parisienne. Mais le style enlevé arrive à retenir notre attention ...

Les bitcoins, c'est bien , mais j'en fais quoi ? 

Ben rien justement, car arrivé au dernier tiers du roman, sans prévenir, Jean-Philippe  laisse tomber clé USB, bitcoins et lobbyistes bulgares pour s'intéresser au père mourant puis trépassé du héros. A ce niveau, on se demande si l'auteur ne se fiche pas de son roman, son ordinateur ne devant surement pas être pourvu de quelque intelligence artificielle pour pallier à son manque d'inspiration.... Ou alors quelque symbolique m'a échappé. Qu'importe, entre un personnage principal grisâtre, un univers numérique aussi sexy qu'un article de "PC pour les pros", une intrigue aux ressorts peu crédibles et un déroutant virage final à 180 degrés, difficile de prendre cette clé USB pour un périphérique génial... 

1 commentaire:

  1. Ecouté de bonnes critique sur ce livre. Perso j'ai apprécié La vérité sur Marie, Monsieur... Je verrai

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