samedi 7 septembre 2019

Fête de famille de Cédric Kahn


Vous êtes invité à cette "Fête de famille", mais vous hésitez à vous rendre dans cette demeure familiale cossue, connaissant un peu trop le piège que ça peut être. Voici 3 éléments qui peuvent vous aider à prendre votre décision.

1) C'est un film de réalisateurS. 

Regardez la distribution, les rôles principaux sont tous joués par des réalisateurs : Emmanuelle Bercot, Vincent Macaigne, Laëtitia Colombani et Cédric Kahn. Seule Catherine Deneuve n'a rien réalisé ... C'est sans doute pour cela qu'elle a le seul rôle qui n'éructe pas, puisque la mère qu'elle interprète reste stoïque et accrochée à un repas joyeux. Le reste de la troupe s'énerve, s'écharpe, se lance des méchancetés dans cette sorte de "Festen" à la française ( on peut aussi penser à "Rois et Reines" ). Cependant, cette réunion de réalisateurs ne transparaît pas vraiment dans le résultat qui se classe dans cette frange milieu de gamme de films français dont on  se demande à qui ils s'adressent. La famille et ses névroses ont déjà beaucoup été labourées depuis la naissance du cinéma et cette fois-ci, faut bien l'avouer, malgré tous ces yeux avertis, le résultat ne restera pas dans les annales. 

2) Le scénario doit être très bon...

... si l'on en croit les récentes déclarations de Catherine Deneuve lors de l'une de ses innombrables interviews de promotion, puisqu'elle se plaignait que le cinéma français ne peaufinait pas assez les scenarii ( oui, à l'italienne, ça me permet d'éviter la répétition). Cela sous entend qu'elle ne participe que lorsqu'elle repère la crème de la crème.  Donc, ou elle a besoin de beaucoup tourner ou elle ne lit que des sous sous merdes. Celui de "Fête de famille",  même s'il respecte cette habituelle progression dans les révélations et dans l'horreur ( et jusqu'à la fin sur le mode qui manipule qui), on reste pantois devant cet évident déjà vu ailleurs mais en mode mal fichu.
Si vous avez du mal à mettre un sens à ce mot à la mode qu'est " bipolaire", foncez voir le film qui en est la parfaite illustration. Sous les platanes d'une belle demeure du Sud-Ouest, les scènes s'alternent systématiquement : une acide où l'on se dit des horreurs ( qui normalement rendraient tout de suite le moindre repas de famille orageux pour la journée) à une suivante où tout baigne dans la franche bonne humeur parce que la patriarche ( oui, c'est Deneuve!) dit : " Allez, hop, buvons ! " ou " On est bien là, non ? ". Peut être un effet de style voulu, osé mais qui ne fonctionne pas vraiment pour créer de la tension et surtout de la véracité. 
Très vite, nous regardons s'agiter ( ou pas) ce joli monde...

3) Les acteurs sont excellents ( leitmotiv de la promotion). 

C'est vrai que très vite nous en sommes réduits à contempler nos réalisateurs jouer les acteurs face à une Deneuve voulue impériale et trouble à force de bienveillance mais qui n'est pas loin de jouer les utilités. Laëtitia Colombani hérite du rôle ingrat de la gentille de service ( ça lui va comme un gant à l'image de sa littérature) et ne briguera pas une nomination aux Césars. Cédric Kahn a le physique du vrai mâle qui bouillonne de l'intérieur et le fait bien. Macaigne "macaigne". Reste Emmanuelle Bercot. On peut vraiment être impressionné par sa prestation allant de l'hystérique, à la folle, en passant par la mélancolique ou la nymphomane, mais on pourra trouver aussi que son rôle vraiment too much rend cette histoire encore plus improbable. 
  








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