dimanche 27 octobre 2019

Terrible vertu de Ellen Feldman


C'est sans doute la vague Meetoo qui a poussé les éditions Cherche Midi à traduire pour la première fois en France,  l'autrice Ellen Feldman qui retrace la vie assez exaltante d'une figure mythique du combat féministe Margaret Sanger. 

Mais qui est Margaret Sanger  ?

Pour faire court, c'est la créatrice du Planning familial aux Etats Unis. Les débuts, timides, vous pensez bien, eurent lieu en 1916, quand Margaret Sanger, militante anarcho/socialiste décide d'ouvrir dans un local miteux de Brooklyn, une sorte de clinique pour informer les populations ouvrières ( donc pauvres) sur la contraception. A l'époque, en plus de salaires de misères, de taudis, les femmes avec une dizaine d'enfants ( viables car à ce nombre, il faut ajouter les fausses couches ) étaient monnaie courante. Elles mouraient plus d'épuisement que de vieillesse. Les hommes, évidemment étaient peut concernés et les dogmes religieux encourageaient ces naissances continuelles puisque dons de dieu. La clinique ne fit pas long feu ( quelques jours) et s'ensuivit un procès à rebondissements qui, par son jugement, allait faire jurisprudence. Pendant 50 années encore, Margaret Sanger allait militer, combattre, ouvrir des centres d'informations autour de la contraception et initier la création de la pilule contraceptive. Le roman d'Ellen Feldman, sous forme de pastilles chronologiques romancées, retrace sa vie. 

Une femme exemplaire cette Margaret Sanger ? 

Globalement, quand on se bat contre des idées machistes ( une femme à l'époque ne pouvait pas parler de sexe, de contraception, univers réservé à quelques médecins mâles), pour les femmes, quand, pour ces idées on subit procès, emprisonnements, humiliations, on reste admiratif de son courage, de sa ténacité. Le roman ne se prive pas de raconter ses combats, presque de façon hagiographique. Si vous rajoutez que dans une Amérique ultra puritaine, elle avait une vie sexuelle débridée, libre, pleine de jouissances, Margaret Sanger, aussi séduisante, séductrice qu'oratrice exaltée, ne peut être qu'une icône féministe. Certes, elle a pas mal sacrifié sa famille ( oui, elle était mariée et avait trois enfants), ce que le livre raconte en faisant prendre la parole à certains de ceux qui ont connu, subi, la volcanique Margaret ( amants, mari, enfants, soeur, ...). Cependant, on peut reprocher, entre autre, à ce roman d'avoir occulté quelques travers de la dame ( on ne peut pas, quand on combat, surtout à cette époque, avoir de bonnes idées sur tout). On ne saura rien sur ses tentations eugénistes, de ses contacts avec ses "confrères" nazis dans les années trentes, de son horreur de la masturbation ou de son rejet de l'avortement. Il ne restera en somme que la figure emblématique du combat pour la contraception. 

Le roman reste agréable à lire car écrit simplement. Il est toujours intéressant de mettre en avant le combat d'une femme pour un monde plus juste et plus égalitaire, surtout à notre époque! Cependant, malgré le personnage haut en couleur de Margaret Sanger, l'ensemble reste un peu trop sage, trop romanesque peut être...




1 commentaire:

  1. en te lisant, on en apprend énormément sur Sander alors que tout une partie de sa vie (le pan le plus négatif) est volontairement oblitéré par l'auteur - et j'ai du mal avec cela. C'est pour cela que je préfère les biographies (non fiction), moins engageant qu'un roman mais plus objectif et réaliste

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