mardi 2 novembre 2021

The French Dispatch de Wes Anderson


 Wes Anderson est un grand réalisateur, qui plaît et qui n'a aucun problème pour produire ses films. Il a un univers singulier, pas mal tourné vers le passé, transcendé par une virtuosité sans égale niveau mise en images. "The French Dispatch" pourrait être un sommet cinématographique sauf que la machine, très bien huilée, tourne au final un peu à vide.

Côté intentions, le panier est plein. Il a voulu recréé, en version cinéma, les articles d'un journal style "The NewYorker" et au-delà porter très haut un genre souvent mal fichu : le film à sketches. Là dedans, il s'est piqué d'y introduire une foultitude de stars ( les habituelles Owen Wilson, Tilda Swinton, Bill Murray, ... et un tas d'autres) tout en faisant ce qu'il avait envie niveau format, décors, genre, narration, couleurs, noir et blanc. Comme si cela ne suffisait pas, il a voulu rendre un hommage appuyé au cinéma, français principalement, en multipliant les références  ( Tati, Duvivier, Godard, ...) ainsi que d'introduire quelques pensées bien de notre époque ( sur les révoltes adolescentes, sur les violences policières, sur le monde de l'art, ...). 

A l'écran, même si on a du mal à savoir où poser l'oeil tellement tout est foisonnant, on est épaté par tant d'inventivité, de folie maîtrisée. Ca rappelle "Grand Budapest Hôtel" mais version plus plus. Sauf que cette épate  dure en gros vingt minutes. Passé ce cap, on commence à saturer, on se prend à regretter de ne pas pouvoir déguster mieux une image avec sans doute plein de clins d'oeil. Le montage ultra rapide ne nous laisse même pas le temps de reconnaître, certes malicieusement grimés, certains acteurs ( Ah, y'avait Cécile de France? Pas vu !). Du coup, on essaie de passer outre cette hystérie visuelle, on se concentre sur les histoires contées et l'on s'aperçoit bien vite qu'au-delà des décors qui coulissent, des travellings avants, arrières, latéraux, des caméos de stars déguisées, elles ne sont guère passionnantes ces historiettes, frisant la facilité et l'anecdotique. On perçoit le creux de l'ensemble et le temps commence à devenir long, surtout que bien vite les effets se répètent jusqu'à la nausée ( de l'oeil). 

Wes Anderson a situé son film en France dans la ville imaginaire de Ennui-sur-Blasé. Il est peut-être facile de dire que cela résume bien l'ensemble, mais hélas, tellement proche du ressenti spectateur qui passe de l'émerveillement à l'ennui en même pas deux heures ! Une prouesse ? 



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