jeudi 4 novembre 2021

Les Olympiades de Jacques Audiard

 

Si l'on compare ce nouvel film avec les précédentes productions de Jacques Audiard, il n'a rien à voir avec le côté viriliste des "Frères Sister" et du plus dérangeant et équivoque "Dheepan". Cette immersion au coeur du 13 ème arrondissement et surtout dans la vie de quatre trentenaires dont trois jeunes femmes, montre un côté plus sensible et bien plus sympathique du réalisateur. 
Avec un noir et blanc magnifique ( mais a-t-on déjà vu un film récent avec un noir et blanc moche ou quelconque ?) et son habituelle virtuosité de mise en scène, Jacques Audiard parvient, sans doute aidé par  ses deux scénaristes Céline Sciamma et Léa Mysius, à saisir le quotidien d'une génération nourrie aux raisons sociaux, au questionnement sur la société et les traditions et au désenchantement. Sans jamais appuyer les effets, il parvient à brosser les errances et les interrogations d'une jeunesse qui refuse certains codes et navigue au gré de ses envies avec cette fluidité désormais acquise par beaucoup. Noémie Merlant et Jenny Beth, parfaites et même plus comme habituellement, sont accompagnées par deux vraies révélations Lucie Zhang, tour à tour franchement agaçante ou émouvante, jouant constamment au grand écart que ce soit avec ses amours qu'avec les traditions familiales et Makita Samba, magnifique et magnétique, lui aussi essayant de se libérer à sa façon des carcans de l'Education Nationale ou de sa famille. Tous s'essaient à éviter cette solitude urbaine qui pourrait les anéantir. 
On ressort du film les yeux éblouis par ces images, les oreilles enchantées des nappes musicales de Rone et la tête pleine de questions, de réflexions, réveillées par un film qui suggère énormément.  et laisse beaucoup de place au spectateur. Du Jacques  Audiard de cette trempe, j'en redemande ! 





 

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