mercredi 21 mars 2012

La biche ne se montre pas au chasseur d'Eloïse Lièvre


La lecture de ce livre a une petite histoire. Faisant partie du jury du prix Orange du livre qui doit sélectionner 5 romans français parus au premier trimestre 2012, j'ai été contacté via Facebook par une auteure qui publiait son premier livre chez un petit éditeur qui m'était totalement inconnu. Elle faisait la promotion de son ouvrage et souhaitait que je me plonge dans son récit. Je n'aurai pas donné suite si je n'avais vu que ce roman avait été sélectionné dans un concours de manuscrits par la revue Technikart. Comme je suis un lecteur assidu de ce magazine, je m'en suis allé chez mon libraire acheter l'oeuvre que je me suis empressé de lire, promettant à son auteur une critique , comme d'habitude, sans connivence.
Le sujet, féminin en diable, ne m'est pas forcément destiné, moi mâle égoïste et père de famille.
La biche du titre est une jeune femme qui veut un enfant, là, tout de suite. Bien sûr, après des années de pilules cela ne marche à la première saillie et l'impatience est grande. Les mois passent et voici la ronde des médecins, des spécialistes, des analyses poussées. Tout est normal, la machine est prête à fonctionner. Mais la fécondation ne se fait point... Et si c'était dans la tête?
Sur un sujet de magazines féminins, Eloïse Lièvre arrive bien à nous faire partager l'attente, l'envie irrépressible de ce bébé, la déception, la froidure des médecins, les salles d'attente sordides et leurs vieux magazines périmés. Un peu perturbé au début par ses longues phrases un peu alambiquées, je me suis finalement laissé porté par cette écriture qui décrit très justement ce sentiment intime de la maternité désirée, portant ainsi ce sujet de chronique psycho de Marie Claire vers des contrées plus littéraires. Toute cette partie est vraiment bien fichue, plaisante, tendre, un peu mordante, bref réussie. Par contre quand, le problème se révèle être psy et que l'auteure se retourne vers l'enfance, je suis resté plus dubitatif. L'insistance autour des amours animales, le lavage des attributs sexuels d'un étalon m'ont semblé un poil clichés. Sans révéler la fin de l'histoire, le blocage psychologique, s'il est plausible, il est de ceux que l'on doit avoir du mal à occulter dans une vie de femme et l'héroïne semble tout d'un coup s'en souvenir comme si elle retrouvait un vieux truc oublié...
Etrange... Etrange aussi, le dernier paragraphe, bien écrit, beau, humain sûrement, mais avec un arrière goût bien pensant qui m'a dérangé. 
Ce livre, dont je n'attendais pas grand chose, est finalement une agréable surprise. Pas totalement maitrisé mais prometteur par l'acuité du regard de l'auteure et par son écriture qui sait si bien décrire le désarroi de toutes ces jeunes femmes face à la non fertilité dans une société qui rêve les femmes à la fois mères et putains.



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