vendredi 23 janvier 2015

Foxcatcher de Bennett Miller


En janvier, un film américain à l'affiche ornée de statuettes des Golden Globes ou de l'Oscar, possède inévitablement un certain nombre de paramètres qui finissent, années après années par lasser le spectateur. Malgré son prix de la mise en scène à Cannes, "Foxcatcher" n'échappe pas à la règle. Tiré d'un fait divers qui a du faire de bonnes audiences sur les chaînes judico-policières, il offre l'inévitable performance d'acteur qui mène au prix d'interprétation, une image tirant sur le vert bronze pour donner une impression de densité dramatique, un rythme plus lent que la moyenne de la production habituelle, signifiant par là que la vente de pop corn ne sera pas au rendez-vous pour les exploitants, le public gavé de films au montage clipesque risquant de bouder ce genre de production. Pour pallier à ce manque à gagner, la critique d'une seule et même voix de poulailler en folie parce qu'ayant pondu son oeuf en même temps, donne du chef d'oeuvre à qui veut l'entendre, histoire de ramener un public plus âgé et intello. Il faut au moins cela pour appâter les spectateurs pour un film avec la lutte gréco-romaine en toile de fond, sport pas vraiment bankable dans nos contrées. Et à l'arrivée, après 2h14 de projection, un énorme soupir d'ennui ...
Bennett Miller, le réalisateur n'a pas démérité . Son film visuellement parlant est bien fichu, mais , hélas il n'arrive jamais à intéresser vraiment. De cette histoire de champion olympique de lutte, pris en main par un riche célibataire pour lui faire gagner une seconde olympiade, il n'en fait qu'une espèce de soupe consistante mais sans saveur. Et ce n'est pas faute d'y avoir injecté des épices, seulement elles sont sérieusement éventées !
Tout d'abord, la performance de Steve Carell, grimé de manière outrancière, à la diction lente, un peu décalée peut plaire . C'est payant pour un acteur de comédie de jouer les méchants pas drôles. Seulement, ici, son personnage de vieux garçon entraîneur se traîne des clichés qui n'impressionnent plus personne depuis 40 ans. Oui c'est un homosexuel refoulé  car il a une mère castratrice. Oui, il est attiré par la lutte pour pouvoir toucher quelques corps musclés mâles et les combats sont plus filmés comme une jolie chorégraphie sensuelle que comme un vrai match intense. Oui le fait qu'il soit avare de paroles le rend inquiétant. Le problème est que cette accumulation de poncifs psychologiques nous rase très vite. On cherche d'autres points d'accroche.  La lutte des classes ? Un peu lourdingue également si l'on s'en réfère au sport présenté et là aussi traitée avec de gros sabots (mais très gros voyez-vous, de ceux qui ralentissent l'action à force de contemplation ).  Un opéra fratricide et funèbre ? Pourquoi pas ! La lumière glauque y est, l'énergie aussi mais les personnages sont tellement renfermés que l'on oublie vite cette possible dimension. Alors on cherche du côté de la mise en scène puisque qu'il y a prix cannois... C'est un grand amateur de champs contre champs, pas des plus originaux, mais les cadres sont emplis des muscles de Channing Tatum, aussi fort physiquement que faible psychologiquement. Il y a donc une certaine force visuelle qui ne compense pas le manque d'intérêt de tout ça, ni l'obtention de ce prix que d'autres auraient plus mérité.
Ni daube, ni chef d'oeuvre, "Foxcatcher" est l'essence même du film à Oscars. Vaguement intello, un poil plus maniéré aussi mais certainement pas une oeuvre profonde ni moderne, plutôt un recyclage sans originalité de vieilles recettes autour d'un sujet dont les enjeux sous-jacents nous barbent par leur conformisme.




1 commentaire:

  1. J'ai pour ma part été davantage intéressé malgré le côté performance à oscar effectivement très marqué. Chronque déjà parue.

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