vendredi 28 août 2015

Tout ce qui est solide se dissout dans l'air de Darragh McKeon



Nous sommes au printemps 1986 en URSS.Entre le KGB omniprésent dans les moindres recoins des cités, les longues files d'attente dans les magasins, sans compter quelques conflits lointains et meurtriers, quel avenir pour Yevgeni, garçonnet de neuf ans, martyrisé par ses camarades de classe mais pianiste prodige ? Et pour Grégory, chirurgien solitaire, se remettant mal de sa séparation avec Maria, ancienne journaliste placée dans une usine suite à quelques articles jugés anti régime ? Et pour Artyom, douze ans, fils d'agriculteurs, ne rêvant que d'être accepté par les hommes pour enfin avoir droit à participer au plaisir de chasser du gibier ? Le futur sera plus que sombre puisque tous seront emportés par l'incendie d'une centrale nucléaire située à Tchernobyl. 
L'éditeur qualifie "Tout ce qui est solide se dissout dans l'air" (quel drôle de titre !) de découverte de la rentrée littéraire. Il est même paraît-il adoubé par Colum McCann himself ! J'avoue que la mise en place des personnages et la description catastrophe de la centrale, avec l'hébétude et l'affolement des responsables est tout à fait accrocheuse. La mise en scène journalistique mêlée à un style plein de bruits, d'odeurs, de couleurs, donne à ce long prologue une allure de petit bijou aussi ambitieux que romanesque. 
Mais, petit à petit, la suite va s'effilocher sérieusement. Comme l'auteur a sans doute brûlé un maximum de munitions anecdotiques autour de la catastrophe dans sa première partie, la centrale et ses émanations radioactives vont désormais passer en arrière plan. Il ne reste alors que le développement des personnages principaux dont un sera abandonné de manière peu sympathique en cours d'histoire (Artyom). Le récit va prendre des allures de téléfilm lambda, mélange de mélo et de clichés aux relents de guerre froide. J'ai senti une rédaction, genre atelier d'écriture anglo saxonne, n'évitant aucun des passages obligés d'un genre trop formaté. C'est ainsi que l'on a droit dans la dernière partie à un pseudo suspens sur fond de rébellion annonçant la pérestroïka  ainsi qu'à un épilogue du genre "25 ans après que sont-ils devenus ? " 
Cela se lit facilement, on y trouve de temps en temps quelques passages plutôt réussis mais, je l'avoue, tout cela m'a semblé assez terne et peu inspiré. Il faut vraiment un sacré talent pour arriver à faire exister des personnages de roman face à cette catastrophe que fut (qu'est?) Tchernobyl. Ici, le compte n'y est pas. Les personnages semblent uniquement s'agiter pour mettre en perspective toute une recherche historique indéniable, mais qui les affadit. Ce ne sont pas les multiples avatars rencontrés ni les bons sentiments semés au gré d'une intrigue un peu prévisible qui les rendront plus touchants. Ils ne sont au final que les frêles victimes d'un auteur qui a trop voulu bien faire. 



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