Je retrouve Harold Cobert après avoir " surfé avec Dieu au Pays-Basque " précédent roman au sujet pas facile : la fausse couche. ". La mésange et l'ogresse " prend un thème pas plus aguichant : l'affaire Fourniret !
Guère plus renseigné que ce que les gros titres de l'époque en disaient, je me suis plongé dans le roman avec autant d'envie que d'entrer dans un commissariat. J'en suis ressorti bien plus retourné que je ne m'y attendais, le montage adopté par l'auteur ne pouvant laisser indifférent.
Avec une telle histoire ( et de tels personnages), relater les événements de cette sordide affaire aurait pu ouvrir la voie à une sorte de thriller malsain et voyeur. Mais, même si le roman se lit comme un polar haletant, l'enjeu du livre se révèle plus subtil. Harold Cobert s'efface astucieusement derrière les faits, laissant de côté les effets de manche stylistiques pour choisir un diabolique montage. Tissu entrecroisé de l'enquête des opiniâtres policiers belges avec les pensées de Monique Fourniret mais aussi quelques extraits de ses interrogatoires qu'assombrissent les flash-backs des jeunes filles abordées par le couple, il laisse Michel Fourniret en filigrane, mais enferme son lecteur dans une plongée de plus en plus profonde dans l'horreur la plus absolue.
Sans forcer le trait, suggérant beaucoup et laissant donc au lecteur la rude tâche de combler les interstices ignobles manquants, le récit devient de plus en plus saisissant. On mesure à la fois l'abjection de ces deux êtres malades mais aussi la ténacité, l'abnégation et la patience qu'il a fallu aux policiers pour obtenir des aveux.
Le récit est passionnant, ne se lâche pas. La folie humaine, dans sa version pourriture, nous est montrée sans fard. Nos sociétés produisent des êtres abjects qu'heureusement quelques personnes arrivent à stopper leurs élans infernaux. " La marge, c'est ce qui fait tenir les pages ensemble." Cette citation de Jean Luc Godard ouvre le livre. Je ne suis pas bien certain que le cinéaste ait imaginé que ses propos puissent être mis en relation avec ces deux ogres modernes, leur donnant du coup une résonance beaucoup plus discutable.
Je sens bien que mes commentaires donnent une impression d'un livre absolument pas aimable, peu confortable. Et alors ? N'est-ce pas le rôle de la littérature de nous faire frémir non pas avec des propos malsains mais en nous faisant réfléchir, en nous bousculant un peu sans jamais flatter nos bas instincts ? C'est la marque d'un bon écrivain que de creuser là où l'on a pas envie d'aller, de nous projeter dans les méandres hallucinants des pensées d'êtres que l'on voudrait bien n'avoir jamais à croiser. Pour cela et pour le côté totalement haletant du récit, " La mésange et l'ogresse" est vraiment réussi et dans un tel contexte, cela force le respect.
Guère plus renseigné que ce que les gros titres de l'époque en disaient, je me suis plongé dans le roman avec autant d'envie que d'entrer dans un commissariat. J'en suis ressorti bien plus retourné que je ne m'y attendais, le montage adopté par l'auteur ne pouvant laisser indifférent.
Avec une telle histoire ( et de tels personnages), relater les événements de cette sordide affaire aurait pu ouvrir la voie à une sorte de thriller malsain et voyeur. Mais, même si le roman se lit comme un polar haletant, l'enjeu du livre se révèle plus subtil. Harold Cobert s'efface astucieusement derrière les faits, laissant de côté les effets de manche stylistiques pour choisir un diabolique montage. Tissu entrecroisé de l'enquête des opiniâtres policiers belges avec les pensées de Monique Fourniret mais aussi quelques extraits de ses interrogatoires qu'assombrissent les flash-backs des jeunes filles abordées par le couple, il laisse Michel Fourniret en filigrane, mais enferme son lecteur dans une plongée de plus en plus profonde dans l'horreur la plus absolue.
Sans forcer le trait, suggérant beaucoup et laissant donc au lecteur la rude tâche de combler les interstices ignobles manquants, le récit devient de plus en plus saisissant. On mesure à la fois l'abjection de ces deux êtres malades mais aussi la ténacité, l'abnégation et la patience qu'il a fallu aux policiers pour obtenir des aveux.
Le récit est passionnant, ne se lâche pas. La folie humaine, dans sa version pourriture, nous est montrée sans fard. Nos sociétés produisent des êtres abjects qu'heureusement quelques personnes arrivent à stopper leurs élans infernaux. " La marge, c'est ce qui fait tenir les pages ensemble." Cette citation de Jean Luc Godard ouvre le livre. Je ne suis pas bien certain que le cinéaste ait imaginé que ses propos puissent être mis en relation avec ces deux ogres modernes, leur donnant du coup une résonance beaucoup plus discutable.
Je sens bien que mes commentaires donnent une impression d'un livre absolument pas aimable, peu confortable. Et alors ? N'est-ce pas le rôle de la littérature de nous faire frémir non pas avec des propos malsains mais en nous faisant réfléchir, en nous bousculant un peu sans jamais flatter nos bas instincts ? C'est la marque d'un bon écrivain que de creuser là où l'on a pas envie d'aller, de nous projeter dans les méandres hallucinants des pensées d'êtres que l'on voudrait bien n'avoir jamais à croiser. Pour cela et pour le côté totalement haletant du récit, " La mésange et l'ogresse" est vraiment réussi et dans un tel contexte, cela force le respect.
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