mercredi 17 mai 2017

Festival de Cannes 2017 ...vu du Mans (1)


La folie médiatico/cinématographique cannoise débute aujourd'hui. Cannes, cette ville à mémères et pépères pourvus de bouledogues français ( plus tendances désormais que le caniches abricots, les riches seniors sont aussi des fashions victimes), se couvre donc de paillettes et de poudres diverses ( ben oui, pour le maquillage...vous pensiez à quoi ? ). Toute la "famille " du cinéma mondial s'y retrouve avec ses allures de peuple d'en haut, persuadés que ceux du bas rêveront encore devant les stars pimpantes, ripolinées de frais par des officines qui ont doublé leur chiffre d'affaire le mois précédent leur pose sur le tapis rouge. En cette période de franche fracture sociale, leur dandinements influera-t-il sur les prochaines élections ?
Cependant, et il faut le souligner, la majorité des festivaliers, exploitants, programmateurs, personnel de production,  les petites mains du système, sont eux aussi de la fête. Logés dans des chambrettes obscures louées à prix d'or par une population locale qui fait son beurre, pestant contre l'organisation, s'envoyant parfois 8 films par jour après avoir subi les nombreuses fouilles de rustres vigiles et les attentes interminables de projection tout en  avalant des sandwichs jambon/beurre dont le prix équivaut à l'abonnement annuel de la carte UGC, ils considèrent cette dizaine de jours comme un véritable chemin de croix cinéphilique. Mais ce sont les mêmes qui arborent fièrement leur accréditation et qui depuis deux mois, glissent invariablement dans leurs conversations, avec cet air faussement blasé qui n'arrive pas à masquer leur fierté : " Pfff ! Ouais...je vais encore à Cannes cette année...c'est galère !".
Même sans en être, Cannes, pour moi, reste une période où je me plonge dans ce qui est une affolante bande annonce pour les mois qui viennent, long travelling sur des objets de désir qui devraient nourrir ma petite passion cinéphile durant les prochains automne et hiver. Encore une belle exception française que cette immense exposition médiatique pour le cinéma, même s'il s'agit d'oeuvres qui sont désirées par de moins en moins de gens. On sent bien par ailleurs que nos exploitants et programmateurs font essentiellement leur marché à Cannes, prouvant leur confiance quasi aveugle aux programmateurs du festival. Remarquez, il est sans doute plus agréable ( moins onéreux peut être) de faire ses emplettes en mai au bord de la Méditerranée qu'en hiver dans le froid à Berlin, ou à la rentrée à Venise ou à Toronto. ( Je bosse moi !)...
Ce mélange de paillettes et de "prise de température de l'état du monde par les plus grands créateurs de la planète" apparaît pourtant un peu plus explosif chaque année tant les fractures sociales et culturelles se creusent à la même vitesse que la fonte des glaces. Mais je reste un inconditionnel rêveur, pensant encore que la culture, bien promue, peut adoucir le monde. Alors, comme un rendez-vous quasi amoureux, depuis mon fauteuil, depuis Le Mans ( je sais, ça ne fait pas du tout glamour) , je me plongerai dans les articles de presse, suivrai sur le net, regarderai la chaîne du festival, téléchargerai son appli et donnerai mon sentiment sur tout cela, en toute naïveté, modestie mais sans connivence.
Je n'aurai donc pas besoin de poser un escabeau dès 8 heures du matin aux abords du palais des festivals, avec le secret espoir de pouvoir apercevoir au pire Nicole Kidman, au mieux Katia Tchenko ( ou l'inverse). Non, la montée des marches n'est pas ce qui me fait fantasmer. Ni l'insupportable photo-call que retransmettent les télés où les stars du jour minaudent et font comme si ils étaient les meilleurs copines du monde. Par contre, il s'avère assez rigolo de suivre les conférences de presse des films en compétition, petit moment décalé qui laisse souvent pantois, où l'animateur chargé de ce happening fait verser Michel Drucker dans la catégorie " fielleux", où les protagonistes du film présenté semblent avoir été tirés du lit après une nuit de libations et où des journalistes du monde entier posent des questions hallucinantes de banalité.
Même si cette année encore, peu de films sortent dans la foulée de leur présentation sur la Croisette, je vais tenter, en auscultant presse et internet, de donner mes impressions, sans doute déformées par le rendu média, de ce grand marché du film. Car voyez-vous, même depuis Le Mans, je l'aime ce festival, lieu de tous les désirs et de tous les fantasmes, mettant en valeur un art passionnant et toujours en mouvement.


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